LDC, insensible aux secousses

Depuis un an et demi, la filière avicole française affronte plusieurs crises. A la hausse du prix des intrants, s’ajoute une épidémie de grippe aviaire à la fois virulente et tenace. Alors que le secteur pensait pouvoir souffler à l’approche de l’été, de nouveaux foyers se sont déclarés dans le sud-ouest de la France.

Rien que sur l’année 2022, cette crise d’une ampleur inédite explique en grande partie la baisse de 6,9 % des abattages nationaux de volailles par rapport à 2021. Côté intrants, même si le coût de l’aliment s’assagit ces derniers mois, il a flambé de 25 % en 2022.

De très bons résultats économiques

Dans ce contexte, il est intéressant de voir comment le leader de la filière française et premier volailler en Bretagne, LDC, s’en sort économiquement. Il vient justement de publier ses résultats financiers à lire ici.

Il en ressort que sur l’exercice 2022-2023 (début mars-fin février), le groupe a bien connu une contraction de ses volumes de ventes, de 5,6 %. Ceci est dû en grande partie aux effets de la grippe aviaire. Le chiffre d’affaires a progressé à contrario de 15 % pour atteindre 5,8 milliards d’euros. Ce sont les pôles « volaille » et « international » plus que le « traiteur » qui expliquent cette bonne performance.

Des qualités d’adaptation

Le groupe explique qu’il est parvenu à ces résultats grâce à « un plan d’entraide intersites qui a permis de limiter la baisse des volumes commercialisés ». Cela s’est effectivement constaté au printemps 2022. Les Pays de la Loire étant alors la région la plus touchée par l’influenza aviaire, une partie de la production a été prise en charge en Bretagne. L’implantation du groupe dans différentes régions a donc l’avantage pour lui de répartir les risques.

L’autre raison évoquée par le géant sarthois est l’obtention de revalorisations tarifaires auprès de ses clients, ce qui a permis d’absorber la hausse de ses charges.

Malgré toutes les difficultés que connaît le secteur, LDC connaît donc de très bons résultats financiers avec même une rentabilité qui s’améliore ! Son bénéfice net a progressé de 35,8 %, à 224,7 millions d’euros. Contrairement à d’autres industriels opérant dans d’autres productions, il a réussi à obtenir des hausses de ses prix de vente permettant d’améliorer ses marges. La baisse de la production nationale l’a sans aucun doute aidé à obtenir ces revalorisations : la pénurie de volaille a obligé la GMS (grandes et moyennes surfaces) et la RHD (restauration hors domicile) à sécuriser leurs approvisionnements quitte à devoir y mettre le prix.

Une position de force

Une autre explication réside dans le pouvoir de marché que le volailler sarthois a acquis au cours des années. Son rapport annuel indique que sa branche volaille pèse 40 % du marché en France. Son pôle volaille France commercialise 780 000 tonnes de volaille. Par comparaison, le second opérateur français Galliance (filiale de Terrena) en commercialise 136 000 tonnes. Un avantage indéniable quand il s’agit de négocier avec de gros clients.

La situation bretonne est encore plus parlante. La Société Bretonne de Volaille (SBV), filiale bretonne de LDC, ne fournit pas de chiffres de volumes abattus mais on peut estimer qu’ils sont supérieurs à la moitié de la production régionale. Une position qui s’est renforcée après la reprise de l’outil de Ronsard à Bignan en 2021. S’ajoute à ceci sa présence au niveau de tous les maillons : aliment, accouvage, groupement. Cette position de force du leader français lui permet ainsi d’influencer grandement la répartition de la valeur entre les différents maillons, éleveurs compris. Lors de différentes acquisitions du géant sarthois, on peut donc s’interroger sur les décisions des autorités de la concurrence qui ont entériné la formation d’un groupe occupant désormais une position dominante.

Si LDC est incontestablement une entreprise performante économiquement, on peut aussi rappeler que lors de la reprise des outils d’Avril en 2015, l’entreprise s’était fixée comme objectif la reconquête du marché français. Huit ans après, la part des importations de volaille dans la consommation française est au plus haut.

Rédigé par Arnaud Haye

Chargé de mission Economie - Emploi, référent sur les filières viande bovine, porc et volailles de chair

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