S’adapter face à des ressources limitées

Eau, énergie, emploi : ces sujets envahissent le quotidien des chefs d’entreprises, et plus largement de la société. Ces enjeux de court terme définiront aussi notre futur à moyen et long terme. La 5ème édition des Rencontres économiques et sociales des filières agricoles et agroalimentaires bretonnes organisée par la Chambre d’agriculture de Bretagne et l’ABEA, le réseau de l’agro breton, a mis en avant des réussites concrètes et des solutions innovantes. A chacun de se les approprier pour s’adapter à ces ressources limitées !

Comment s’adapter à une ressource en eau limitée ?

Certains territoires se dirigent vers des déficits quantitatifs durables. L’accès à l’eau est un enjeu majeur pour la sécurisation des filières bretonnes. Face à la sécheresse 2022, 100 % des industries agroalimentaires bretonnes ont réorganisé leur activité, 8 % ont fermé des lignes de production.

Les réussites d’Eureden, par Bruno d’Hautefeuille

Avec la rotation des cultures, les légumes destinés à la transformation reviennent sur les mêmes parcelles tous les cinq ans. Le système d’irrigation doit donc nécessairement être amovible, ce qui exclut d’office le goutte-à-goutte. L’irrigation se fait ainsi par aspersion grâce à des réserves d’eau qui se remplissent pendant l’hiver. De nouvelles sondes capacitives permettent de mesurer l’humidité des sols. Ainsi, l’agriculteur peut adapter ses apports en eau et apporter la juste dose dont la plante a besoin.

Les réussites de Laïta, par Vincent Videau

Laïta teste actuellement l’optimisation du nettoyage des installations par l’intelligence artificielle. Les premiers résultats sont très encourageants. Cette technique permet de réduire la consommation en eau, mais également de limiter les rejets de polluants par la suite. Si l’industrie laitière est une grande consommatrice d’eau, elle est également une grande génératrice d’eau grâce à l’eau contenue dans le lait. La réutilisation de cette eau devrait être possible en 2023 et permettra à Laïta d’économiser 500 000 m3 d’eau par an.

Comment s’adapter face aux difficultés de recrutement ?

Le secteur agricole et agroalimentaire breton regroupe près de 160 000 emplois. Les difficultés de recrutement s’accentuent avec des tensions sur certains métiers. Le renouvellement des actifs après les départs en retraite est un enjeu fort, en agriculture comme en agroalimentaire. L’attractivité des métiers passe également par les conditions de travail, l’accès au logement et la mobilité.

Les réussites de Jérôme Frohlich, responsable de maternité porcine collective

Une diversité de profils compose l’équipe : hommes, femmes, qualifiés, non qualifiés, jeunes, moins jeunes. Une attention particulière est mise sur la cohésion d’équipe : cela s’en ressent sur la qualité du travail et le bien-être des salariés. Pour transmettre le savoir-faire aux nouveaux arrivants, chaque secteur stratégique dispose d’outils pédagogiques (fiches techniques, fiches de postes). Cela permet d’assurer le respect des protocoles et la transmission des informations aux nouveaux arrivants et aux stagiaires. Impliquer les salariés dans les réflexions actuelles et futures renforce leur engagement. Enfin, pour bien les accueillir les salariés, les commodités essentielles ont été mises à leur disposition (douches, cuisine, toilette, évier).

Les réussites de Mytilimer, par Marion Le Provost

Mytilimer est une entreprise multi-sites. Elle dispose d’un outil collaboratif (intranet) permettant de sensibiliser l’ensemble des équipes, sans oublier les affichages papier et les flyers directement sur site. L’entreprise implique les salariés dans sa communication pour faire fructifier ses valeurs à l’extérieur. Elle axe sa communication à travers le citoyen pour que cela puisse parler à tout le monde : collaborateurs, futurs collaborateurs, citoyens, consommateurs.

C’est l’ensemble de la chaîne qui fait la réussite de l’entreprise.

Marion Le Provost, Directrice des Ressources humaines de Mytilimer.

Pour le recrutement, Mytilimer travaille avec tout l’écosystème de l’emploi via des partenariats pour être bien identifiée. L’entreprise propose également des mini-vidéos attractives ou des cafés d’accueil pour soigner l’accueil des candidats

Comment s’adapter face au nouveau contexte énergétique ?

Le contexte énergétique a été bousculé depuis 2021. Il amène de nouveaux enjeux : le prix, la sécurisation de l’approvisionnement et la décarbonation. Pour s’adapter, les entreprises agricoles et agroalimentaires ont trois leviers : avoir une politique énergétique, améliorer l’efficacité énergétique et développer les sources d’énergies renouvelables.

Les réussites d’Argoat Bois Energie, par Gaëtan Le Seyec

Argoat Bois Energie est une filière bois énergie territorialisée pour le Morbihan. Elle a été mise en place pour faire le lien entre les agriculteurs (50 à ce jour) et les acheteurs (collectivités locales notamment). Les 3 165 tonnes de bois vendues ont permis d’approvisionner 18 chaufferies sur le département sur la saison 2021/2022. Le bois retrouve de l’intérêt avec le contexte énergétique car c’est l’énergie la moins chère sur le marché.

L’enjeu est aussi de donner un intérêt économique au bois des haies pour inciter les agriculteurs à les garder et à les entretenir.

Gaëtan Le Seyec, pour Argoat Bois Energie

Les réussites d’Atelier de l’Argoat, par Sandrine Malard

Pour allier environnement et économie financière, l’Atelier de l’Argoat s’attelle à mieux valoriser ses déchets. L’entreprise piège les graisses animales dès les process de fabrication et valorise l’huile animale en coproduit pour la méthanisation et en biocombustible pour l’autoconsommation. Cela a permis de diminuer de 10 % la consommation en énergie fossile et de 8 % en électricité.

Suite à un audit sur les déperditions d’énergie, l’Atelier de l’Argoat a investi dans des matelas isolants pour récupérer la chaleur fatale. Elle est alors réutilisée pour chauffer l’eau, mais aussi pour dégivrer les installations.

Enfin, les déchets finaux sont valorisés autant que possible via la méthanisation.

Rédigé par Delphine Scheck

Chargée de mission Economie - Emploi, référente industries agroalimentaires et commerce extérieur

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