Produits sous signes de qualité : un besoin de dynamique collective
« Bretagne, terre de qualité ! » est le mot d’ordre dans les filières de produits sous signe d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO). La situation n’est pas simple pour certaines structures gérant ces filières, mais des modes d’accompagnement institutionnels sont possibles.
Les organismes de défense et de gestion (ODG) ont pour missions de protéger et promouvoir les produits sous SIQO. Se finançant principalement par les cotisations des agriculteurs et transformateurs adhérents, ils témoignent de difficultés à mener à bien leurs missions.
Les ODG bretons : une variété de profils...
En 2022, la Bretagne compte 69 SIQO significatifs gérés par 28 ODG. Parmi ceux-ci, 18 ODG sont localisés en Bretagne dont voici le panorama :
- Des ODG plutôt anciens : la moitié des structures ont été créées avant les années 2000. Les plus récents ont été reconnus au début des années 2010. Depuis cinq ans, aucun des 28 nouveaux signes AOP-AOC ou IGP reconnus en France n’était breton. Des demandes de reconnaissances sont toutefois en cours d’instruction comme le Gwell, l’échalote traditionnelle ou la fraise de Plougastel.
- De tailles diverses : les ODG varient en nombre d’adhérents (d’une dizaine à plusieurs centaines), en nombre de SIQO gérés (jusqu’à vingt) et en nombre de salariés (de 0,25 à 6 équivalents-temps-plein).
- Valorisant la diversité des productions bretonnes : toutes les filières bretonnes significatives sont représentées (produits carnés frais et transformés, œufs, boissons, produits de la mer). La filière laitière fait pour l’instant exception. Les ODG porteurs de signes en produits carnés comptent généralement un grand nombre d’adhérents et disposent des moyens pour mener à bien l’intégralité de leurs missions. À l’inverse, les ODG des filières végétales sont de petite taille et bénéficient de moyens plus limités.
- Portant principalement des Labels Rouges : le Label Rouge concerne quatre signes bretons sur cinq. Mettant en avant la qualité du produit, ils sont souvent portés à l’échelle nationale ce qui explique leur prépondérance.
- Au fonctionnement divers : les plus nombreux sont les « indépendants » qui travaillent en autonomie. On distingue ensuite les « intégrés » rattachés à une autre structure (conserverie ou coopérative agricole) qui en assure les missions et les « déléguant » qui font appel aux services d’une structure gérant aussi d’autres ODG.
...aux besoins parfois communs.
Les besoins des ODG sont avant tout d’ordre technique : ils témoignent de difficultés pour l’évolution du cahier des charges et leur actions de communication. Les ressources financières restreintes limitent leurs moyens d’animation. Manquant de temps pour échanger avec leurs homologues, des ODG évoquent aussi ressentir un certain isolement.
En parallèle, les ODG soulignent leur besoin d’être soutenus par les institutions. La Région Bretagne et la Chambre d’agriculture de Bretagne sont souvent citées. La concurrence est vive sur les produits de qualité (la question du Camembert ‟de Normandie” l’illustre) et la consommation de produits sous SIQO a faibli avec l’inflation (voir le cas de la volaille de chair Label Rouge). Cette demande exprime donc une attente de reconnaissance, de cohérence et de défense institutionnelle sur la spécificité de leurs produits.
Créer un environnement favorable à une dynamique collective
Des ODG bretons ont créé en 2006 la Fédération des Filières Qualité de Bretagne (FFQB). La fédération, qui a compté jusqu’à une quinzaine de structures-membres, menait des actions de communication et d’animation du réseau. Par manque d’investissement en interne et de soutien institutionnel, la FFQB a cessé d’exister en 2013.
En France, de multiples initiatives régionales d’accompagnement des ODG existent. Grâce à un soutien fort de leur conseil régional respectif, ces structures disposent souvent d’animateurs en interne. Pour les autres, leur Chambre d’agriculture régionale peut mettre à disposition un animateur.
Dans l’objectif de promouvoir ces modes de production de qualité, l’accompagnement des ODG bretons par les institutions semble donc un passage obligé pour susciter une dynamique collective.
Mieux comprendre les ODG pour mieux les accompagner
Cet article est issu d’un travail de stage mené durant l’été 2024 par Ewenn Guegan, étudiant à Science Po Paris. « Comment favoriser l’émergence d’une dynamique collective pour répondre aux problématiques et enjeux communs des ODG en Bretagne ? ». Pour y répondre, Ewenn a échangé avec quatorze ODG bretons ainsi que huit initiatives régionales d’accompagnement des SIQO existant dans d’autres régions. Ce travail a permis d’amorcer la discussion avec les ODG bretons sur leur avenir collectif lors de la journée qui leur était consacrée, le vendredi 22 novembre à Pontivy.
L’Observatoire breton des produits sous SIQO (Obsiqo) a piloté ce travail. Créé en 2021, il a pour mission d’informer sur la situation des SIQO en Bretagne et d’accompagner les ODG. Il est composé de la Chambre d’agriculture de Bretagne, de la Région Bretagne, de l’Inao et de la Draaf Bretagne.