Stabilisation de la situation pour les volailles bretonnes vendues sous signe de qualité
La consommation française de volailles de chair Label Rouge et bio a nettement reculé ces deux dernières années. La production bretonne n’a pas échappé aux conséquences de cette baisse. Néanmoins, d’après Fermiers d’Argoat et Fermes de Janzé, la situation est en cours de stabilisation.
La très forte inflation alimentaire que la France a connu depuis deux ans est toujours présente mais elle ralentit. En janvier 2023, elle est de 5,8 % sur un an contre plus de 15 % il y a un an. En réaction, les consommateurs français font évoluer leurs habitudes et se tournent vers des produits moins chers.
La volaille de chair en première ligne face à la descente en gamme
La volaille de chair se caractérise par une part importante de sa production vendue sous SIQO (signes officiels de la qualité et de l’origine). La descente en gamme touche donc particulièrement cette filière. En 2022, le Label Rouge et le bio représentaient 16 % de la production nationale, ce chiffre tombe à 14 % en 2023.
La production a dû s’adapter. Les mises en place de volailles Label Rouge reculent de 5 % en 2023 par rapport à 2022 et de 15 % par rapport à 2021.
La chute est encore plus marquée en bio : baisse de 14 % des mises en place de volailles en 2023 par rapport à 2022 et de 36 % par rapport à 2021 !
Les opérateurs n’ont d’autres choix que de réduire la voilure. Les Fermiers de Loué ont annoncé en décembre dernier qu’ils seraient contraint de fermer 200 poulaillers sur les 2 500 qu’ils comptent au total. Soit 8 % du total.
Les signes de qualité bretons résistent
La Bretagne compte deux organisations gérant des volailles Label Rouge : les Fermes de Janzé en Ille-et-Vilaine et Fermiers d’Argoat localisés dans les Côtes d’Armor. En 2021, la Bretagne a produit 22,5 millions de volailles Label Rouge, soit 8 % des volailles abattues dans la région cette année-là. Monsieur Neauleau, responsable qualité et certification aux Fermiers d’Argoat, rapporte aussi une baisse d’activité depuis 2022, d’ampleur inédite pour le groupement. La chute est d’ailleurs plus marquée en 2023 qu’en 2022. Les consommateurs ont particulièrement réduit leurs achats de découpes, plus encore que de poulets entiers. Or la découpe représente plus du quart des débouchés de la volaille Label Rouge.
M. Neauleau précise que les organisations de production ont proposé aux éleveurs de basculer certains de leurs lots vers d’autres cahiers des charges. Cette souplesse a permis jusqu’à présent de limiter la durée des vides sanitaires chez les éleveurs. Et donc de réduire les pertes financières. Contrairement aux Fermiers de Loué, il n’y a pas de fermetures prévues de poulaillers à ce stade.
Cette souplesse de fonctionnement se retrouve aussi chez les Fermiers de Janzé. La coopérative a réussi a maintenir son activité en 2023 là aussi en proposant à certains de leurs éleveurs de basculer vers d’autres cahiers des charges que le Label Rouge. M. Letué, directeur de l’entreprise, explique que Fermes de Janzé a encouragé ses producteurs à investir dans des bâtiments qui permettent cette bascule vers d’autres cahiers des charges, justement en prévision de conjonctures difficiles en Label Rouge.
Les perspectives semblent s’améliorer sur les marchés. La fin d’année 2023 a vu la consommation de volailles Label Rouge se stabiliser. La baisse des prix de l’aliment a aussi permis de faire baisser les prix en magasin. Cela devrait conforter la consommation qui reste dynamique en volaille standard.
Il semble donc que le trou d’air sur le marché de la volaille Label Rouge soit derrière nous. Les quatre dernières années furent atypiques avec le Covid, la grippe aviaire et l’inflation des charges et des prix en magasins. Il est donc difficile pour les opérateurs d’appréhender le niveau actuel de la demande des consommateurs en Label Rouge.
