Les viandes bretonnes bio n’échappent pas à la crise

En 2022, la production bretonne de viande bio se contracte pour la première fois depuis plus de dix ans. Le marché français du bio subit les effets de l’inflation qui pousse les Français à descendre en gamme. Confrontés à cette crise, les éleveurs bretons ne sont pas égaux dans leurs options selon leurs productions.

L’IBB, Initiatives Bio en Bretagne, vient de publier les chiffres de la production des viandes Bio en Bretagne pour 2022 (à voir en cliquant ici). Ceux-ci sont en baisse pour la première fois depuis plus de 10 ans. L’ensemble des productions est touché.

La chute la plus forte concerne le cheptel de vaches laitières bio, à -10,2 % entre 2021 et 2022. Suit celui de vaches allaitantes, en déclin de 4,4 %, les truies à -2,7 % et les brebis viande sont 1,1 % moins nombreuses en 2022 qu’en 2021. L’IBB relève que seules les volailles de chair voient leurs effectifs croître de 12 % avec 70 exploitations concernées par cette production. Cette contraction de la production bretonne illustre la crise que traverse le marché du bio en France, causée par la baisse de la consommation.

Les Français descendent en gamme

La montée en gamme promue lors des Etats généraux de l’alimentation en 2017 est un lointain souvenir. L’inflation est passée par là et même si elle a tendance à ralentir, elle demeure élevée, surtout pour l’alimentation.

Dans ce contexte, les Français se serrent la ceinture et adaptent leur consommation.

Les produits bio en font les frais. Une étude de l’Agence Bio estime que la consommation française de produits bio a connu un recul en volume compris entre 6 % et 10 %. La viande est encore plus affectée, comme le montre ce tableau des évolutions en valeur au premier semestre 2023 :

Une situation plus ou moins critique selon les productions

Pour les éleveurs bio confrontés à cette crise, les portes de sortie sont plus ou moins faciles à prendre selon les productions. En vaches allaitantes par exemple, la valorisation des bovins est actuellement très bonne en standard. De plus, le Label Rouge paye aussi bien si ce n’est mieux que le bio, les éleveurs ne sont donc pas trop démunis par la réduction des débouchés en bio. En lait, la situation est déjà plus compliquée car décider une déconversion n’est pas neutre. Cependant, les coûts de production en bio ne sont pas tellement supérieurs à ceux du conventionnels et la conjoncture laitière est actuellement favorable. Les éleveurs peuvent donc tenir soit en acceptant qu’une partie de leur lait soit déclassé, soit en décidant une déconversion malgré tout relativement accessible.

Les éleveurs de porc bio sont dans une situation bien plus délicate. Ils étaient 95 en Bretagne en 2022. Les professionnels estiment qu’il y a 30 % de porcs bio en trop sur le marché français. Or les coûts de production en bio sont trois fois supérieurs à ceux du conventionnel. Avec une telle différence, 30 % de porcs déclassés est intenable en termes de prix pour les éleveurs. De plus, les modes de production sont très différents entre le bio et le standard, les éleveurs ne peuvent donc pas envisager une déconversion. L’arrêt pur et simple d’une partie des ateliers semble inévitable.

Le bio traverse sa crise la plus importante du fait de son ampleur et parce qu’elle touche toutes les productions. On ne peut pas prévoir sa durée. Cela dépendra en effet de l’évolution de la consommation et donc de la situation économique française.

Rédigé par Arnaud Haye

Chargé de mission Economie - Emploi, référent sur les filières viande bovine, porc et volailles de chair

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