Influenza aviaire et densité d’élevages
L’épidémie de grippe aviaire prend de l’ampleur en France. Plus de 150 foyers d’influenza aviaire en élevage ont été dénombrés depuis le 1er août dernier. Comme au printemps dernier, les Pays de la Loire sont pour l’instant la région la plus touchée avec plus de la moitié des foyers en élevage recensés. L’évolution de l’épidémie peut être consultée ici.
La Bretagne n’est pas épargnée avec 18 élevages contaminés entre le 1er août 2022 et le 9 décembre 2022.
Un plan d’action pour la filière avicole
Le virus touche aussi la faune sauvage et sa persistance en France l’été dernier, même limitée, laisse à penser qu’il est devenu endémique. La filière avicole doit intégrer cette réalité et trouver les meilleures solutions pour y faire face. C’est dans cet esprit que le ministère de l’Agriculture a élaboré un plan d’action l’été dernier.
Ce plan d’action compte sept grandes thématiques : renforcer la détection précoce et la surveillance sanitaire, améliorer la prévention, définir une stratégie vaccinale, améliorer la gestion opérationnelle de la lutte, gérer les risques liés à la chasse, soutenir les filières et engager une réflexion pour bâtir l’élevage de demain.
Si les six premiers thèmes consistent globalement à améliorer la biosécurité et la gestion de l’épidémie, le septième thème implique des changements plus profonds et plus radicaux. Cette réflexion sur «l’élevage avicole de demain» doit commencer prochainement et vise à la réduction du risque épizootique d’influenza aviaire et à la résilience du secteur avicole français. Parmi les pistes évoquées apparaissent « la maîtrise de la densité d’élevages sur les territoires à risque de diffusion » ainsi qu’à une « réflexion sur la réorganisation économique des filières ».
Ces points font échos à un rapport diffusé par l’Anses en juillet dernier qui appelait aussi à réduire la densité des élevages en période à risque, arguant que les seules mesures de biosécurité ne suffisent pas à empêcher la diffusion du virus.
Une remise en question de notre modèle d’élevage ?
A ce stade, il est difficile d’appréhender quelles directions prendront ces travaux et quelles conclusions en seront tirées. Une chose ressort cependant. La densité de l’élevage avicole breton était jusqu’à récemment considérée par tous comme un atout fort pour la filière car elle permettait des gains économiques : moins de transport, massification des volumes (aliments, abattages), maillage serré des services, vétérinaire, conseil et autres etc. A contrario, l’influenza aviaire se propage plus facilement dans des régions à forte densité d’élevages. Ira-t-on vers une dé-densification ? Quel équilibre trouver ? Pour rappel, la Bretagne produit le tiers de la volaille de chair française et 42 % des œufs de consommation. Elle est donc de loin la région la plus dense de France en élevages avicoles.
Rappelons que LDC, lorsqu’il a remis en question son projet d’abattoir à Bignan, avait aussi invoqué comme cause l’épidémie de grippe aviaire. « Il faut réfléchir à comment s’organiser pour produire en minimisant les risques. Il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier. Il faut diversifier les bassins de production », avait déclaré Philippe Gélin, directeur général du groupe.
La «réflexion sur la réorganisation économique des filières» évoquée dans le plan d’action du Ministère de l’agriculture avait déjà été entamée par les acteurs économiques.