Innovations alimentaires : et le bio dans tout ça ?

La dernière édition du SIAL 2022 a été l’occasion de parler innovation dans le secteur de l’alimentaire et de déceler les nouvelles tendances.

Au cœur des nouvelles préoccupations, l’éthique. Kantar révélait dans son étude Kantar Insights Food 360, parue en amont du SIAL, que ce critère avait fait partie du top 3 des générateurs d’innovations alimentaires en 2021 (voir figure 1), devancé par la santé (2ème position), et le plaisir (1ère position). Une nouveauté, comme le signalent les spécialistes, car si l’on remonte encore quelques années en arrière cette dimension était quasiment absente. Toujours d’après cette étude, 71 % des consommateurs à l’échelle mondiale auraient changé leurs comportements alimentaires ces deux dernières années, dont 67 % pour aller vers une alimentation plus saine. En Europe, l’étude a permis d’observer une stabilisation de cette consommation responsable, laissant penser que le marché est arrivé à maturité sous nos latitudes.

Figure 1 : Top 3 des générateurs d’innovations alimentaires mondiales. Figure tirée du livre blanc SIAL Insight 2022, d’après l’étude Attentes consommateurs : Kantar Insights – Etude Food 360, 2022

Aujourd’hui, cette fameuse éthique peut se traduire différemment en fonction des industriels : produits plus respectueux de l’environnement, meilleurs pour la santé, avec moins d’emballage, assurant une meilleure rémunération, contenant moins d’ingrédients d’origine animale voire plus du tout. Et ce dernier critère semble avoir le vent en poupe : un produit sur quatre présenté au concours de l’innovation du SIAL était végan.

Plus d’attentes pour moins cher

Plaisir, santé et éthique… Des attentes diverses et multiples des consommateurs, alors que ces derniers ne semblent pas enclins à mettre davantage la main à la poche. Au contraire même. 14 % d’entre eux déclaraient ne pas être prêts à payer plus cher pour des produits respectant  tous ces critères. Un chiffre en progression par rapport aux années précédentes.

Vers du bio augmenté à bas prix ?

Face à cette complexe équation, difficile pour les acteurs, tant producteurs que transformateurs, de se positionner. Xavier Terlet Consultants, cabinet de conseil en innovation spécialisé dans l’alimentaire, défendait déjà au printemps dernier l’axe du « bio augmenté », alliant à la fois respect de l’environnement, santé, mais également local, bien-être animal et juste rémunération du producteur (LSA, avril 2022). Un renforcement du positionnement du bio en somme, passant par une communication accrue.

Mais encore faut-il que le produit final demeure peu cher… Et surtout bon ! Pour Xavier Terlet, l’avenir est donc à un produit bio simple, accessible et savoureux, sans ingrédient controversé, qui n’a pas peur de vanter ses mérites et ses impacts positifs, aussi bien sur l’environnement que sur le bien-être des animaux et des éleveurs. En avance sur la question de l’éthique, qui prend de plus en plus de place, le bio a donc de nombreux atouts pour réussir. Encore faut-il le faire savoir, et surtout travailler à la réduction de son coût final.

Les tendances 2022 de l’alimentation bio

Les enjeux sont donc de taille pour la Bio, qui devra redoubler d’efforts dans les prochaines années pour rester compétitive face à la multitude d’innovations s’appuyant sur les arguments éthiques, santé ou bien-être sans pour autant se revendiquer du célèbre label AB.

Parmi les tendances en vogue, les ingrédients : afin d’éliminer un maximum d’ingrédients controversés, les industriels sont à la recherche d’alternatives, aussi bien en conventionnel qu’en bio, où l’on cherche d’autant plus à être irréprochable : d’après Innova Market Insights, l’utilisation d’ingrédients d’origine biologique dans le lancement d’aliments et de boissons a récemment augmenté, avec une croissance de 5 % en glissement annuel entre 2020 et 2021 (Actualités SIAL 2022).

Supers aliments et alicaments : bons pour le cerveau, le système digestif, ou pour la forme générale… Les alimentes vitaminés, riches en minéraux ou antioxydants continuent de s’inviter dans nos assiettes. Plus que jamais, le consommateur recherche à créer du lien entre ce qu’il mange et sa santé. Un point de vigilance cependant : parmi les matières premières utilisées, bon nombre d’entre elles proviennent d’autres continents. Afin de capter pleinement les retours positifs de ces innovations, des filières locales, en Europe ou en France, devront être créées quand cela est possible.

Tendance vegan : qu’ils excluent les ingrédients d’origine animale de leurs recettes, ou qu’ils cherchent à imiter la viande  grâce à des produits végétaux, les startups et industriels s’en donnent à cœur joie pour satisfaire la tendance vegan et convertir de nouveaux adeptes au « sans viande ». Très gourmands en légumineuses, ces nouveaux produits transformés auront besoin de s’appuyer sur des filières d’approvisionnement solides, et si possible bio et locales, pour gagner en cohérences. Les producteurs bios français ont leur carte à jouer.

Enfin, les aliments dits « recyclés » : si pour l’heure les signaux sont assez faibles, cette tendance pourrait gagner du terrain dans les prochaines années. En réutilisant des ingrédients ou des aliments issus du surplus alimentaire pour en faire de nouveaux produits à forte valeur ajoutée, les industriels pourraient gagner le cœur des consommateurs, de plus en plus sensibles à ces problématiques. 

Rédigé par Maélie Tredan

Chargée de mission Economie - Emploi, référente distribution, consommation et signes officiels de qualité

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