De l’alimentation humaine à l’alimentation animale

La Bretagne est une terre d’élevage. En conséquence, de nombreux acteurs de l’alimentation animale sont présents dans la région. Mais ces derniers sont chahutés par le recul de l’élevage et cherchent de nouvelles opportunités. Parmi elles : la diversification vers l’alimentation humaine.

Si la production d’alimentation animale avait bien résisté à l’échelle européenne en 2021, elle devrait enregistrer un recul de près de 3 % en 2022 (quatre à cinq millions de tonnes en moins). Le secteur est en effet impacté par les épidémies d’influenza aviaire et de fièvre porcine africaine, mais aussi par les difficultés du marché mondial des céréales liées notamment à l’invasion russe en Ukraine. Idem en France où la baisse de la production est estimée à plus d’un million de tonnes pour 2022.

L’alimentation animale bretonne en perte de vitesse

En Bretagne, l’activité globale se replie de 2,4 % sur le 1er semestre par rapport à la même période de 2021. En détail, les fabrications bretonnes d’aliments pour porcins continuent de chuter : -5,7 % sur un an. Alors que l’aliment pour bovin était dans une bonne dynamique, il se stabilise sur cette période (-0,2 %), marqué par un mois d’avril particulièrement en retrait (-8,9 %). Enfin, la fabrication bretonne d’aliment pour volaille progresse légèrement (+0,6 %). Des résultats à mettre en relation avec les réductions de cheptel constatées en Bretagne.

Et si le salut passait par l’alimentation humaine ?

Face à cette situation, les industries de la nutrition animale cherchent les opportunités de marché qui assureront leur avenir. Parmi elles, le végétal pour l’alimentation humaine. Cette tendance a clairement le vent en poupe d’après notre visite au Sial.

On sent se dessiner des opportunités pour les légumineuses (lentilles, pois chiches…), les fruits à coques (amandes, noisettes, noix…), les légumes en général ou encore les algues.

Maëlie Trédan, Chambre d’agriculture de Bretagne

Dans le mouvement des acteurs de l’agroalimentaire vers cette ambition du végétal pour l’alimentation humaine, il y a notamment l’Ufab, filiale du groupe coopératif Le Gouessant. Depuis 2015, l’entreprise a décidé de valoriser son expertise des légumineuses au profit de l’alimentation humaine. En septembre 2022, elle vient d’inaugurer une nouvelle usine dédiée au développement d’une filière locale de légumineuse.

Cette nouvelle unité de 2 500 m² se situe à Noyal-sur-Vilaine (35), à proximité de l’usine de nutrition animale du groupe. L’objectif est de transformer 3 500 tonnes de pois et féverole par an d’ici à 2025. Ce projet ambitionne de permettre la consolidation de la filière bio dans le Grand Ouest. En effet, l’approvisionnement sera local auprès de 200 producteurs bio et en conversion dans le Grand Ouest.

Leggo, des acteurs de l’Ouest se fédèrent

L’Ufab n’est pas la seule à prendre le virage des légumineuses à destination de l’alimentation humaine. C’est tout le Grand Ouest qui s’organise collectivement pour relocaliser le marché des protéines végétales à destination de l’alimentation humaine.

Cette dynamique passe par l’association Leggo (Légumineuses à Graines Grand Ouest). Elle a pour but de soutenir le développement d’une filière légumineuses (pois, féverole, lupin, lentilles, pois chiche, soja, haricots), tant du point de vue commercial que technique.

Rédigé par Delphine Scheck

Chargée de mission Economie - Emploi, référente industries agroalimentaires et commerce extérieur

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