Les salariés agri-agro de Bretagne s’expriment !

Au cours de la journée annuelle des salariés agri-agro organisée par les Chambres d’agriculture de Bretagne le 30 septembre 2022, la quarantaine de participants a pu partager ses préoccupations. Temps de travail, impacts sociaux, nouvelles tendances alimentaires : des sujets décisifs pour les filières agricoles et agroalimentaires !

Temps de travail en agriculture : un indispensable à intégrer en formation initiale !

Des élevages arrêtent leur activité laitière en Bretagne. Cela concerne même des jeunes agriculteurs, même des gros élevages : ce n’est plus un tabou, mais bel et bien une réalité. La hausse des charges pourrait accélérer la tendance selon les participants. C’est une inquiétude pour les salariés du secteur. Une diminution de l’approvisionnement local peut entraîner une baisse d’activité dans les usines. L’avenir des maillons agricoles et agroalimentaires est intimement lié.

Au-delà des aspects rémunération et rentabilité, il ne faut pas négliger l’importance des conditions de travail, et notamment du temps de travail dans les exploitations agricoles. En effet, une sous-évaluation des temps de travail est souvent constatée dans les projets d’installation. Conjugué à l’agrandissement des exploitations, cela contribue à précipiter les exploitations dans des situations tendues au moindre aléa. En effet, il n’y a plus assez de temps restant disponible pour faire face aux imprévus.

Gestion du temps de travail

Ainsi, les participants à la journée souhaitent que l’organisation du travail et le temps de travail soient davantage traités dans la formation initiale des futurs agriculteurs. Une meilleure intégration de ces questions devrait permettre de renforcer l’attractivité de la filière laitière pour recruter de nouveaux actifs, chefs d’exploitation comme salariés.

Des impacts sociaux-économiques face aux défis eau et énergie en agroalimentaire

L’été 2022 a particulièrement exacerbé les tensions autour de la difficile question du partage de la ressource en eau. Certains salariés présents lors de la journée expliquent que l’enjeu de la réduction des consommations en eau fait partie du quotidien dans leur entreprise. Cela fait longtemps que les entreprises agroalimentaires bretonnes sont engagées dans de telles démarches.

Si des efforts sont encore possibles et nécessaires, certains process resteront gourmands en eau pour assurer la sécurité sanitaire des produits. Continuer de progresser sur les réductions des consommations en eau aura nécessairement un coût pour l’entreprise. Ces charges supplémentaires arrivent dans un contexte inflationniste généralisé. Ainsi, certaines entreprises ont d’ores et déjà annoncé que les négociations salariales ne permettraient pas d’aboutir à une revalorisation importante des salaires. Celle-ci est pourtant très attendue par les salariés, étant eux-aussi confrontés à l’inflation.

De plus, la flambée du coût de l’énergie préoccupe également les salariés. Face aux coûts prohibitifs de l’énergie, des arrêts de production leur semblent inévitables (par exemple pour le séchage du maïs grain ou du lactosérum). Les conséquences socio-économiques seraient alors importantes. Les participants à la journée rappellent que, derrière les enjeux eau et énergie, il y a systématiquement des impacts sociaux. Il ne faut pas les oublier !

Nouvelles tendances alimentaires : stop ou encore ?

Intervention de Lydia Rabine (Kantar) lors de la journée des salariés des IAA de Bretagne

L’inflation des prix touche aussi les consommateurs. D’après l’intervention de Lydia Rabine de Kantar (à retrouver en vidéo ou sur notre blog), baisser en gamme leur permet de réduire la facture. Il faut donc s’attendre en 2022 et 2023 à un ralentissement des achats de produits répondant aux nouvelles tendances alimentaires, notamment sur le local. Les participants à la journée craignent un recours accru à l’importation, à moindre prix, au détriment de l’origine France. Cette inquiétude est renforcée par le fait que lorsque les parts de marché sont prises, elles sont difficiles à reconquérir.

Le critère de l’accessibilité prix est prioritaire pour le consommateur. Pour autant, l’exemple de la brique de lait « C’est qui le patron ? » est instructif. La marque a largement expliqué les raisons de l’augmentation du prix bien avant que cela soit effectif dans les rayons. Communication, justification et anticipation sont les clés du succès ! Même en temps de crise, les Français sont séduits par la démarche et les résultats sont là. Les achats sont restés au rendez-vous.

Clarifier l’information est essentiel pour séduire le consommateur. Les entreprises agroalimentaires bretonnes se sont déjà saisies de cet enjeu de transparence de plusieurs façons différentes :

  • Simplifier les recettes en diminuant le nombre d’ingrédients nécessaires, notamment les produits controversés.
  • Développer les blockchains pour assurer la traçabilité des produits. Cette technologie permet une transparence totale de toutes les étapes de transformation du produit. Cependant, c’est aujourd’hui très complexe pour les entreprises. Il faudra probablement adapter cette méthode aux spécificités du secteur de l’agroalimentaire.
  • Constituer des pôles RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) dans les entreprises pour mieux répondre aux attentes du consommateur.
L'alimentation en Bretagne à l'horizon 2050 - Ceser

Enfin, pour aller encore plus loin dans la prospective, Edwige Kerboriou et Gilles Poupard ont présenté l’étude du Ceser Bretagne : « l’alimentation en Bretagne à horizon 2050 : quels enjeux de société ? ». Les conséquences potentielles de différents scénarios sur les filières alimentaires (production, agroalimentaire, distribution et restauration) ont été mises en avant dans le cadre de cette journée. Retrouvez l’interview des rapporteurs de l’étude en vidéo.

Rédigé par Delphine Scheck

Chargée de mission Economie - Emploi, référente industries agroalimentaires et commerce extérieur

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