Carrefour, Casino… Comment font-ils pour tirer leur épingle du jeu de l’inflation?

Performances inédites de Carrefour, bons résultats pour Casino… Malgré l’inflation, la situation semble positive pour certains distributeurs tandis que paradoxalement, les volumes vendus reculent. Faisons le bilan.

Les performances du 3e trimestre pour Carrefour et Casino, rendues publiques fin octobre, sont particulièrement bonnes. Carrefour affichait une augmentation du chiffre d’affaires de ses ventes de 11% pour l’ensemble du groupe (+6 % en France), soit bien au-dessus de sa croissance habituelle. Pour le groupe, cela représente 23,7 milliards d’euros de ventes sur ce trimestre, contre 20,6 milliards un an plus tôt, soit une hausse de 15 %. Ainsi, Carrefour se dégage une trésorerie bien supérieure à celle attendue.

Idem pour Casino, qui bien qu’un peu moins bien placé que Carrefour, dépassait également sa moyenne : +5 % à l’échelle du groupe et +4 % en France ce trimestre.

Alors, comment font ces groupes pour tirer leur épingle du jeu en pleine période d’inflation ?

Premier élément : l’inflation, justement !

Elle contribue à gonfler artificiellement les résultats des enseignes, qui même si elles vendent moins de volume, s’en sortent en valeur, du fait de l’augmentation des prix. Attention cependant, pour Casino, la croissance réalisée en France reste inférieure au niveau de l’inflation et les volumes écoulés sont toujours dans le rouge. Le défi ? Réaliser un chiffre d’affaires augmentant plus vite que les coûts, analysait David Lubek, directeur financier de Casino. Car gare à l’effet ciseau : avec des charges amenées à augmenter également pour les enseignes, des fournisseurs qui répercuteront eux-mêmes leurs coûts, il y a fort à parier que les GMS devront encore rogner sur leurs marges dans les prochains mois, comme elles l’ont déjà fait, afin de fidéliser leurs consommateurs et éviter de les voir s’en aller vers la concurrence Discount.

Dans tous les cas, les distributeurs ayant réalisé de bons résultats jusqu’à présent auront indéniablement un coup d’avance pour s’adapter, mieux que les autres, aux temps difficiles qui s’annoncent.  

Ensuite, réaliser des investissements

Réaliser des investissements permet les économies de charges de structure : pour maintenir des prix bas et garder leurs clients, les enseignes optimisent les coûts. Alexandre Bompart, PDG du groupe Carrefour, annonçait début novembre, dans son plan stratégique, une baisse de 20 % de la consommation énergétique des magasins en France dès 2024 et dans les autres pays d’ici à 2026. Par un système de « mutualisation » (réalisation des achats via les centrales, réduction des effectifs), Carrefour projette de réaliser encore de substantielles économies (LSA, 8/11/22).

Par ailleurs, l’enseigne joue habilement avec les attentes consommateurs, lesquelles portent avant tout sur le prix et le critère de proximité. En reconcentrant ses ventes sur l’alimentaire, en croissance, l’enseigne minimise les risques.

Les marques de distributeurs

Alors qu’elles semblaient tombées en désuétude il y a quelques années, les marques de distributeurs reviennent en force avec l’inflation (+10 % de ventes depuis 2017), tout en remportant de bons scores auprès des associations de consommateurs. Alors qu’elles représentent aujourd’hui un tiers du chiffre d’affaires, Carrefour entend les mettre particulièrement en avant sur son site marchand, en vantant les économies permises aux consommateurs.

Mais, si les acheteurs continuent de diminuer leurs volumes à l’achat, et s’ils se tournent plus massivement vers les magasins discount, les conséquences de l’inflation finiront par rattraper les GMS.

Rédigé par Maélie Tredan

Chargée de mission Economie - Emploi, référente distribution, consommation et signes officiels de qualité

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