L’agroalimentaire breton a surmonté le Brexit

Suite à sa décision de quitter l’Union européenne, le Royaume-Uni n’est plus dans le marché unique depuis janvier 2021. Destination privilégiée de l’agroalimentaire breton, le secteur a dû s’adapter pour limiter les impacts post Brexit. Voici les résultats d’une enquête commanditée par les élus de la Chambre d’agriculture.

Plusieurs acteurs dans les filières lait et légumes, mais aussi dans le secteur de la logistique et du transport ont été interrogés. L’enjeu « Brexit » était crucial pour les entreprises rencontrées. En effet, le Royaume-Uni représentait jusqu’à 15 % de leur marché export. Les nouvelles conditions commerciales auraient donc pu aisément affecter leur équilibre économique.

Le commerce se maintient

Heureusement, cela n’a pas été le cas. Les entreprises auditionnées ont fait part de légères baisses en légumes et d’une stabilité en produits laitiers. Pour autant, il est difficile de démêler les effets du Covid apparu en 2020, du Brexit de 2021 et maintenant de l’inflation de 2022 ! Tous ces évènements récents et concomitants altèrent la capacité d’interprétation des entreprises de l’évolution de leurs flux commerciaux.

Cependant, aucune entreprise n’a eu besoin de chercher de nouveaux marchés pour compenser un potentiel recul du commerce avec le Royaume-Uni ou d’ouvrir un bureau commercial de l’autre côté de la Manche pour s’attacher à maintenir les échanges. Les relations avec leurs clients britanniques sont restées régulières et efficientes, d’autant plus pour les entreprises possédant une filiale dans le pays.

S’adapter, mais à quel prix ?

Quasiment toutes les entreprises rencontrées ont anticipé la mise en œuvre du Brexit. Des groupes de travail transversaux ont été mis en place en interne pour préparer les différents services à l’échéance. Elles ont aussi recrutés des personnes spécialisées dans les douanes. Autant de coûts financiers que les entreprises ont dû supporter en amont du Brexit.

Depuis, le travail administratif s’est accru pour permettre la livraison des produits au Royaume-Uni. Que ce soit au niveau du transport, des procédures douanières ou des certificats d’exportation, tout cela a nécessité des besoins en main d’œuvre supplémentaires. Jusqu’à 30 personnes en plus pour une entreprise légumière !

Le client britannique a supporté ces frais. Aucune entreprise rencontrée n’a sollicité la réserve d’ajustement au Brexit pour compenser ses pertes financières. Cela s’explique principalement par une méconnaissance du dispositif proposé par l’Union européenne. Celui-ci reste ouvert jusqu’au 31 décembre 2023.

Et demain ?

Après  cinq reports successifs, les contrôles douaniers post-Brexit devraient finalement être instaurés début 2024.  Les entreprises laitières rencontrées s’estiment prêtes à faire face à ces nouvelles exigences. Malgré tout, une crainte toute particulière est exprimée sur les produits ultra-frais. Ils pourraient subir des délais logistiques incompatibles avec leur courte durée limite de consommation.

Aujourd’hui, le Brexit reste un enjeu stratégique pour les entreprises ayant des filiales au Royaume-Uni. Pour les autres, qui constituent la majorité des entreprises rencontrées, le Brexit n’est plus dans les priorités. La crise géopolitique, la hausse des coûts de production et notamment de l’énergie, sont beaucoup plus préoccupants.

Pourquoi une étude sur le commerce post Brexit ? En 2021, première année d’application de l’accord, le commerce breton avec le Royaume-Uni s’est soldé en baisse annuelle de 6 %, alors que le courant d’affaires avait déjà reculé de 12 % l’année précédente. Les élus de la Chambre d’agriculture de Bretagne ont souhaité étudier cette tendance au repli. L’objectif était de voir s’il y avait des raisons de s’inquiéter pour la santé économique des filières agricoles et agroalimentaires régionales. Un projet tutoré a donc été engagé avec Amélie Blineau, Violaine Peltier et Julia Voisin. Ces trois étudiantes sont en licence professionnelle gestion des organisations agricoles et agro-alimentaire (GOAA) option agri-manager au sein de l’IUT de Pontivy. Elles ont réalisé les entretiens avec les entreprises sur le premier semestre 2023. Cette temporalité est importante puisque 2022 a marqué un rebond significatif pour les exportations agricoles et agroalimentaires bretonnes au Royaume-Uni. Des éléments conjoncturels à avoir en tête à la lecture des résultats des entretiens avec les entreprises.

Rédigé par Delphine Scheck

Chargée de mission Economie - Emploi, référente industries agroalimentaires et commerce extérieur

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