Emballages alimentaires : innovations sous contraintes

La pression de la demande sociétale et de la loi obligent les acteurs agroalimentaires à dépouiller les packagings du superflu. Pour mener à bien cette mission, c’est toute la filière de l’emballage qui doit se mobiliser.

La loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) vise à changer les modes de production et de consommation pour réduire les émissions de CO2. Précisée dans le décret 3R (réduction, réemploi, recyclage) par période de cinq ans, cette loi a notamment pour finalités de sortir du plastique jetable d’ici 2040, de mieux informer les consommateurs et de lutter contre le gaspillage.

Trois axes de travail qui concernent directement les acteurs de l’agroalimentaire. Ceux-ci sont sommés d’évoluer, et pas seulement par le législateur. A l’été 2023, les associations Foodwaste et Zero Waste France ont mise en demeure plusieurs marques nationales afin de revoir leurs emballages « surdimensionnés ».

On ne compte plus aujourd’hui les nouveautés proposées par les acteurs agroalimentaires sur leurs produits : emballages recyclables pour les gâteaux Ker Cadélac, emballage à 96 % en papier pour le nouveau beurre « Nature de Breton » de Sodiaal fabriqué à Quimper, et barquette en carton pour les tomates de Solarenn. La coopérative a déjà injecté un million d’euros dans ce domaine depuis 2019. Mais pour 2023, les investissements de la coopérative, qui regroupe 30 producteurs, sont à l’arrêt en raison du flou autour des décrets d’application. En effet, pour certains fruits et légumes frais fragiles, la France a rétropédalé il y a un an (lire notre article sur le sujet).

De nombreux défis techniques

Assurément, la mise en œuvre de la réduction des emballages plastiques n’est pas sans poser de sérieux défis techniques. Quand les entreprises ont besoin d’un appui en R&D, elles peuvent faire appel aux fabricants d’emballage qui soutiennent logiquement la démarche.

Même si leurs volumes de fabrication sont appelés à diminuer, il en va de l’avenir de la filière qui emploie 3 500 personnes en Bretagne et génère 900 M€ de CA (4% du total national). Par exemple, le fabricant d’équipement agroalimentaire quimperlois Guelt (400 salariés, 40 M€ de CA) met son laboratoire d’essai à disposition de ses clients pour leurs tests produits.

A l’autre bout de chaîne, les professionnels du recyclage font face à un dilemme. Le décret 3R exige que les emballages plastiques « fonctionnels » (ne relevant pas du sur-emballage) soient recyclables. Cela devrait se traduire par une augmentation de l’activité en aval de l’acte de consommation pour collecter et retraiter ces emballages. L’efficacité du processus demandera une coordination efficace et une harmonisation des pratiques des collectivités en charge de la gestion des déchets. L’équilibre économique est pour l’heure incertain et dépendra notamment des volumes collectés et donc des pratiques de tri des consommateurs. A ce titre, la Bretagne est la région qui trie le mieux ses déchets avec 106 kg/habitant/an (72 kg au niveau national).

Mais à plus long terme, la disparition programmée du plastique à usage unique fait craindre un risque de sur-investissement dans des outils de revalorisation qui ne disposeront plus suffisamment de matière à travailler.

Rédigé par William Guillo

Chargé de mission Économie - Emploi, référent alimentation animale, industries agroalimentaires et commerce extérieur

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