Avec la RSE, salariés et agriculteurs ont une carte à jouer !

Fin septembre, les représentants du personnel des filières agricoles et agroalimentaires bretonnes se sont retrouvés à Morlaix pour échanger et se former sur la RSE. La visite de Grain de Sail est venue illustrer la question.

La Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE) formalise une démarche de prise en compte par les entreprises des enjeux du développement durable dans leurs activités, en interne, en amont et en aval (cf. article de novembre 2022). La RSE permet aux entreprises de mieux répondre aux attentes sociétales, de gagner en résilience et d’améliorer leur « marque employeur ».

La méthode de la RSE selon Syndex

Mettre les salariés au centre

« La RSE n’a de valeur que s’il y a concertation »

Olivier Chabrol, expert RSE chez Syndex

Pour Olivier Chabrol, expert RSE chez Syndex, l’objectif est de « trouver des compromis en vue de l’acceptabilité des activités ». La direction a ainsi l’occasion de dialoguer et de prendre en compte les attentes des parties prenantes concernées par ses activités (salariés, fournisseurs, acheteurs, institutions, citoyens, etc.).

Michel Le Bot (Even) estime que « les entreprises ne sont pas toutes mûres sur le sujet, les équipes syndicales sont prises dans leur quotidien et les directions ont tendance à les court-circuiter ».
Les salariés et instances représentatives sont malgré tout de précieux alliés pour la direction : directement concernés par les activités, ils peuvent proposer des voies d’adaptation. Stéphanie Knez (secrétaire nationale CFDT Agri-Agro) leur expose la question à se poser : « mon entreprise est-elle en capacité de faire face aux aléas et de s’adapter ? ».

Des RSE à géométrie variable

Nombre de grandes structures ont initié des démarches environnementales « mais les parties prenantes sont encore peu prises en compte » expose Armelle Féroc (Syndex). Le zéro-papier est l’emblème de ce manque de concertation : les contraintes perçues par les équipes peuvent être source de tensions internes.

Dans les petites structures où l’informel est fort, la démarche semble moins convenir. Notamment, Grain de Sail n’applique pas une démarche RSE stricto-sensu mais développe des engagements sur ses impacts environnementaux, sociétaux et économiques. Les fondateurs se sont d’abord concentrés sur la décarbonation du transport. Ensuite, ils ont intégré le chocolat et le café produits en agroécologie pour leur forte valeur ajoutée. Stefan Gallard, directeur marketing, estime que l’adhésion au projet est forte puisque seules des personnes convaincues intègrent la société.

Contre la marginalité des actions de chaque TPE-PME, Thierry Plantard (Cogedis) propose « [d’]envisager des actions inter-entreprises. La RSE doit se raisonner à l’échelle du territoire ».

Collaboration entre Lactalis et lUNELL

Pour les agriculteurs, c’est un sujet encore émergent. Certains demandent néanmoins une intégration à la démarche RSE des structures qu’ils approvisionnent.

En 2018, Lactalis a sollicité l’Unell (Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis), qui regroupe 11 organisations de producteurs (OP) et représente 5 100 éleveurs, pour intégrer son projet de RSE sur l’amont de sa filière. Mais l’Unell juge le projet initial trop complexe, ne s’appuyant pas sur les outils interprofessionnels et ne revalorisant pas suffisamment le prix du lait. Ainsi, l’association d’OP collabore avec Lactalis pour trouver un terrain d’entente. Ce travail aboutit le 8 juin 2022 sur la charte « Culture Lait ».

Pour y rentrer, les éleveurs doivent satisfaire aux exigences de la Charte des Bonnes Pratiques d’Elevage, de l’outil Boviwell de mesure du bien-être animal et du CAP’2ER niveau 1 ainsi que renseigner un questionnaire de recensement des pratiques d’élevage. Bien souvent, cela formalise des pratiques déjà en place. Si elle n’octroie pas de revalorisation du lait, cette démarche a le mérite d’apporter des gages de bonnes pratiques aux demandes émanant de la société, bonifiant l’image de la laiterie et des producteurs.

Pour aller plus loin : un MOOC sur le sujet
Agreenium, qui regroupe la majeure partie des établissements publics d’enseignement supérieur et des organismes de recherche placés sous tutelle du ministère chargé de l’agriculture, propose le MOOC RSE & Agroalimentaire (~1h15/semaine).
L’objectif est d’expliquer au plus grand nombre les spécificités et les enjeux de la RSE dans la filière agro-alimentaire tout en valorisant des expériences issues de coopératives comme illustrations concrètes.
Une nouvelle session sera programmée pour l’automne 2024.

Rédigé par William Guillo

Chargé de mission Économie - Emploi, référent alimentation animale, industries agroalimentaires et commerce extérieur

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