Les défis et les ambitions de l’alimentation animale bretonne

L’alimentation animale a été au cœur de nombreux enjeux ces dernières années : inflation galopante, décapitalisation des cheptels, baisse des volumes fabriqués, … La Chambre d’agriculture a souhaité voir plus clair sur les difficultés et les ambitions des acteurs bretons de ce secteur stratégique pour les filières d’élevage.

Deuxième volet de l’étude. L’état des lieux du secteur démontre une baisse structurelle des volumes de fabrication d’aliments composés associée à une profonde restructuration du secteur. Face à ce diagnostic, une enquête a été réalisée auprès des opérateurs pour connaître leur vision de l’avenir. Une quinzaine de professionnels du secteur ont ainsi été interrogés en 2024.

Introspection des acteurs de l’alimentation animale bretonne

Ces entretiens ont ainsi permis d’analyser lucidement l’environnement et les dynamiques du secteur. Ce diagnostic partagé se traduit sous la forme de la matrice AFOM (Atouts Faiblesses Opportunités Menaces). C’est un outil stratégique pour permettre à la filière de se projeter.

ATOUTS
Différents formats d’usines
Secteur qui s’est beaucoup réorganisé
Tissu agroindustriel breton dense et bien réparti
Relation forte avec les éleveurs
Fédérations bretonne et française des fabricants
FAIBLESSES
Vague de départs à la retraite parmi le personnel des usines
Non-maîtrise de l’accès à l’eau
Mix matière restreint
Approvisionnements soumis à risques
Concurrence entre fabricants
Forte dépendance aux débouchés (élevages)
OPPORTUNITÉS
Éleveurs en demande d’accompagnement
Habitudes à la mutualisation d’outils
Augmentation de l’offre locale en macro-ingrédients, filières dynamiques
Durcissement des réglementations sur les matières premières
Proximité de ports industriels
Contractualisation avec l’amont et l’aval
Intégration de nouvelles technologies
MENACES
Réduction du nombre d’élevages en Bretagne
Multiplication et accentuation des aléas sur l’élevage
Développement de la FAF
Questionnements des pouvoirs publics sur l’élevage
Contestation sociétale sur les approvisionnements
Risques de cybersécurité

L’alimentation animale bretonne soutient l’élevage breton

Tout d’abord, la décapitalisation des cheptels est vue comme la plus grande menace pour la nutrition animale bretonne. Sans ce débouché vital pour le secteur, c’est tout l’avenir qui s’assombrit. Unanimement, les acteurs rencontrés sont en attente d’une réelle ambition pour les productions animales bretonnes.

Ainsi, un cap clair pour l’avenir est nécessaire. Au niveau de la Région, de la France ou de l’Union européenne, les politiques publiques doivent s’engager en faveur des productions animales. La compétitivité des filières d’élevages se répercutera sur la bonne tenue du secteur de l’alimentation animale. De la même manière, le dynamisme du secteur de l’alimentation soutiendra celui de l’élevage.

L’alimentation animale bretonne s’adapte avec ambition

En parallèle, les entreprises se prennent en main pour saisir les opportunités possibles en comptant sur leurs atouts. Tout d’abord, elles s’adaptent à l’évolution du marché en intégrant notamment les enjeux de durabilité.

Pour poursuivre cela, innovations, recherche et développement sur les matières premières doivent continuer d’être soutenues. La sécurisation des approvisionnements est à ce titre également un défi crucial. La concurrence sera accrue face à d’autres débouchés mieux valorisés ou face à la volatilité des cours mondiaux.

L’alimentation animale bretonne en recherche d’efficacité

Les entreprises prévoient également de muscler leur accompagnement personnalisé auprès des éleveurs. Alimentation de précision, segmentation des produits, FAFeurs : ce sont autant de nouvelles prestations à mettre en place pour répondre aux besoins des agriculteurs.

Cependant, cette perspective conduit nécessairement à la gestion de petits volumes. L’optimisation des flux logistiques sera essentielle pour la compétitivité du secteur. Les différents acteurs de la chaîne devront ainsi mettre en place des collaborations renforcées.

Les réorganisations capitalistiques ou partenariales entre les acteurs de la filière sont un autre levier d’action. La filière le connait bien au vu de la profonde restructuration de ces quarante dernières années.

L’enjeu humain de l’alimentation animale bretonne

Enfin, les acteurs de la nutrition animale sont en vigilance extrême sur les tensions liées aux ressources humaines. D’une part, la transmission du savoir-faire traditionnel du métier à une nouvelle génération est essentielle pour garantir l’excellence de la filière. D’autre part, il faudra savoir tirer parti du numérique et de l’intelligence artificielle. Ces nouvelles technologies peuvent optimiser les performances, assurer la traçabilité et améliorer les conditions de travail.

Le rapport complet de l’étude « L’alimentation animale vue par les acteurs de la filière en Bretagne » menée par William Guillo de la Chambre d’agriculture de Bretagne et Sébastien Tauty de Nutrinoé est disponible ici.