Les freins à l’installation des femmes en agriculture
En Bretagne, la part des femmes parmi les personnes qui s’installent est en progression significative ces dernières années. En 2022, elles représentent 30 % des installations aidées (aide de la DJA, Dotation jeune agriculteur), après une stagnation autour de 25 % durant de nombreuses années.
Néanmoins, parmi les personnes qui prennent des renseignements au Point accueil installation (PAI) dans le cadre d’un projet d’installation en agriculture, ce sont plus souvent les femmes qui ne vont pas au bout de leur projet (47 % d’entre elles, contre 38 % parmi les hommes). Alors, pourquoi les abandons sont-ils plus élevés chez les femmes ? Les freins à l’installation sont-ils différents entre les hommes et les femmes ? Citons quelques éléments de réponses.
Freins à l’installation : les principaux facteurs
Pour les femmes comme pour les hommes, le manque de capital et la difficulté à trouver du foncier sont les freins les plus fréquents à l’installation. A noter que les femmes ont plus de difficultés que les hommes pour obtenir un prêt bancaire et donc pour assurer le financement de leur projet.
Par ailleurs, le manque de compétences est souvent un frein majeur pour les femmes (12 % d’entre elles sont concernées) alors qu’il ressort peu chez les hommes (2 % d’entre eux). La problématique de gestion de la famille est également plus fréquente chez les femmes. Elles sont plus nombreuses que les hommes à évoquer la difficulté de concilier vie de famille et projet d’installation (12 % contre 7 %).
Les discriminations liées au fait d’être une femme, un phénomène qui perdure
Un quart des femmes indiquent avoir rencontré des discriminations liées à leur genre dans le milieu agricole. Cela se traduit, selon elles, par des cédants qui ne souhaitent pas transmettre à une femme, ou par des banquiers plus durs à convaincre quand le projet est porté par une femme. Ces discriminations se voient aussi en formation, les personnes enquêtées évoquant par exemple que certains enseignants ne s’investissent pas pour apprendre aux femmes le travail avec les machines agricoles et la conduite des tracteurs.
L’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes est un objectif de société. Selon le Bureau International du Travail, l’égalité entre hommes et femmes signifie que les droits, les responsabilités, le statut social ne doivent pas dépendre du sexe des individus. Cela ne signifie pas pour autant que les hommes et les femmes soient ou doivent devenir identiques. D’ailleurs, la mixité dans l’emploi permet d’enrichir le contexte professionnel grâce aux spécificités, aux compétences particulières de chaque sexe. Et en agriculture, à l’heure où les besoins en recrutement et en renouvellement d’actifs sont un des enjeux majeurs, les femmes constituent un vivier de compétences dont le secteur ne peut se priver.
Ces résultats sont issus d’une étude réalisée dans le cadre d’un stage de master II, sur « Les freins à l’installation en agriculture en Bretagne – Femmes et hommes ». Une enquête a été menée auprès de 477 personnes (236 femmes et 241 hommes) ayant contacté le Point accueil installation (PAI) en Bretagne entre 2016 et 2021, mais qui n’ont pas donné suite après leur premier entretien PAI. Ce travail a été complété par 13 entretiens semi-directifs (8 femmes et 5 hommes).
Un article sur l’étude est disponible ici. Le rapport de stage est également consultable ici.