Des opportunités pour les petits fruits rouges ?
Le marché français des petits fruits rouges affiche un déficit marqué. En France, face à une demande encore faible mais dynamique, la production progresse. En Bretagne, les volumes de production sont minimes mais des projets émergent.
Une forte dépendance française aux importations de fruits rouges
Le taux d’auto-approvisionnement français atteint 86 % en framboise, 85 % en myrtille et 62 % en cassis. Les importations totalisent 44 500 tonnes. Entre 2013 et 2022, elles ont plus que triplé (multipliées par 3,5). Ces trois dernières années, le Maroc en a largement profité au détriment de l’Espagne. Les importations proviennent à 37 % d’Espagne, 25 % du Maroc et 18 % du Portugal. On peut noter l’essor des origines péruvienne et mauritanienne mais pour des volumes moindres.
L’Espagne, principal producteur de petits fruits rouges de l’UE et le 6e mondial connait des difficultés. Les surfaces dédiées aux framboises ont reculé de 21,5 %. La production espagnole est affectée par des conditions climatiques et une augmentation des coûts de production. De plus, les prix payés aux producteurs diminuent en raison du renforcement de la concurrence marocaine.
Malgré un développement de la production française
En 2023, la production française de fruits rouges dépasse celle de 2022 de 13 %. Après un déclin jusqu’en 2016, une forte reprise est observée. Elle concerne toutes les variétés. Les volumes augmentent de 65 % entre 2016 et 2023. En détail, la production de cassis et de myrtilles a reculé entre 2010 et 2016 puis est restée stable autour de 8 000 tonnes pendant plusieurs années. Sur la dernière année, une croissance de 18 % est enregistrée.
L’une des principales problématiques de la filière des petits fruits rouges est la gestion de la main d’œuvre et son coût qui représente 80 % du coût de production. La concurrence aussi se renforce avec une production importée de plus en plus qualitative, aussi bien sur le plan du goût que de la tenue des fruits.
La Bretagne peut-elle trouver sa place ?
Bien que ne représentant que 2 % de la production nationale en 2023, la Bretagne montre une croissance bien plus prononcée que la moyenne nationale (+53 % entre 2013 et 2023), d’autant plus en cassis et myrtilles. L’AOP Prince de Bretagne s’intéresse à ces petits fruits rouges. Depuis plus de quatre ans, des tests ont été menés en framboises et myrtilles à la station expérimentale du Caté (Comité d’action technique et économique), à Saint-Pol-de-Léon, dans le Finistère, afin de définir les variétés les mieux adaptées au climat breton.
Cette année, deux producteurs cultivent 1 500 m² de framboises en pot et sous abri. La récolte devrait atteindre quatre tonnes en 2024. En ce qui concerne les myrtilles, six producteurs se sont lancés en plein champ et en pot, avec une récolte prévue entre 20 et 22 tonnes de fruits pour 2024, comparé aux 6 tonnes de 2023. Les estimations envisagent des récoltes de 40 à 42 tonnes pour 2025 et 50 tonnes pour 2026.
Des perspectives prometteuses du côté de la demande en fruits rouges
Le dynamisme de la consommation nationale observé depuis une dizaine d’années s’est accentué au cours des cinq dernières années. Le taux de croissance de la consommation de framboises en volume a atteint 10 % depuis 2016. Quant aux myrtilles, les volumes ont été multipliés par six entre 2015-2017 et 2021.
De plus, la consommation en France reste encore modeste. Les Français consomment en moyenne 150 grammes de myrtilles par an et par habitant, comparé à 700 grammes en Allemagne et 1,3 kg aux États-Unis. « Il y a donc une vraie opportunité de marché ! » selon Patrick Guivarch, responsable diversification à la Sica de Saint-Pol de Léon.
D’après Kantar, seulement 26 % des foyers français achètent des framboises au moins une fois par an (15 % pour les myrtilles). De plus, les acheteurs ont tendance à être plus jeunes et à avoir des enfants, ce qui ouvre de bonnes perspectives de développement selon la même source.
Du côté de la production les cartes sont rebattues, à l’image de l’Espagne où les surfaces implantées en framboises reculent de 21,5 % en 2024 par rapport à 2022-2023, en raison de la concurrence marocaine mais aussi de l’évolution des conditions climatiques et principalement de la sécheresse. Ces évolutions de la concurrence couplées à l’appétence des consommateurs français en petits fruits rouges apportent des perspectives prometteuses pour leur production en Bretagne.