Le retour en force du porc chinois ouvre d’autres perspectives d’exportations

La sortie des épidémies de fièvre porcine et de Covid a sonné le glas de la croissance des exportations bretonnes vers la Chine. Malgré tout, l’agriculture chinoise et en particulier le secteur porcin proposent encore des opportunités pour nos entreprises.

Bien que la Chine se soit considérablement industrialisée, le secteur agricole reste un des piliers de son économie. En 2022, il représente 7,3 % du PIB et le pays est le premier producteur mondial de viande et de porc et le second pour la volaille.

Un élevage productiviste sous pilotage du gouvernement

Le secteur porcin a été rudement impacté par l’épidémie de fièvre porcine africaine (FPA) de 2018-2019 (1). La production de viande de porc a ainsi chuté de 25 % pendant deux ans.

Source : Business France

Le gouvernement a profité de la sortie des crises sanitaires pour accélérer l’évolution de la qualité et de l’hygiène en élevage et dans les outils d’abattage et de transformation. Le soutien financier public a favorisé les structures en capacité d’intégrer. La quasi-totalité des exploitations regroupant trois à quatre élevages sont passées sous leur giron, signant la fin de l’élevage backyard. Aujourd’hui, dix sociétés représentent 25 % de la production. Cela se comprend comme la volonté de faire émerger des leaders agroalimentaires mondiaux comme Muyuan Foodstuff dont l’histoire est emblématique. La Chine a pu retrouver en 2022 son niveau de production avec 700 M de porcs abattus, couvrant 60 % de la production de viande chinoise.
Le plan quinquennal 2021-2025 a encadré cette restructuration en mettant l’accent sur l’autosuffisance alimentaire. Les stocks de produits alimentaires sont un important outil de contrôle des prix et de la stabilité politique du pays.

Yann Morel, directeur général de Cooperl Asie, constate cependant les difficultés des industriels chinois face aux faibles cours du porc sur le marché domestique. Certaines entreprises se questionnent sur la segmentation et le repositionnement vers des segments plus qualitatifs. Elles sont aussi nombreuses à vendre des élevages que le gouvernement rachète et remet en production.
Yann Morel constate plusieurs éléments qui influenceront l’avenir de la production :

  • Le devenir incertain des fermes rachetées par le gouvernement (poursuite ou fermeture ?),
  • La capacité de production installée équivaut à 110 % des besoins du pays
  • La maîtrise de la FPA augure une poursuite de l’augmentation de la production ce qui maintiendrait la pression sur les cours,
  • La qualité génétique s’est dégradée en raison du recours à tout type de femelles, même destinées à l’abattage, pour repeupler les élevages touchés par la FPA.

Des opportunités pour les offres de qualité sur un marché difficile

La bonne santé de l’élevage chinois réduit le recours aux importations depuis plusieurs trimestres. En Bretagne, cela s’est traduit par une division par deux de nos exportations vers la Chine en trois ans.

Malgré tout, de forts besoins se font jour en termes d’alimentation animale, d’animaux reproducteurs, d’équipements d’élevage et de vaccins. Les grands groupes chinois seraient preneurs de produits et services innovants quitte à y mettre le prix. La France, bien que n’étant pas reconnue en Chine comme « le pays de l’élevage », dispose d’un savoir-faire apprécié. Les exportations françaises se positionnent principalement sur la santé, la nutrition et la génétique animale.

En revanche, les exportateurs se heurtent à un marché dense et régenté par de multiples administrations. Le gouvernement use de nombreuses barrières non-tarifaires (réglementations, processus d’enregistrement) pour réguler les importations. Enfin, en raison du risque de pillage technologique, la question de la propriété intellectuelle est un enjeu-clé dans un pays où l’innovation est perçue comme principal moteur de la croissance.

Le parcours chinois de la Cooperl

La Cooperl a commencé à s’internationaliser en 2010. Elle est aujourd’hui très présente en Chine où la moitié de ses 15 implantations internationales se trouvent. La coopérative a adopté le modèle « start-up » afin de s’adapter au marché chinois. Aujourd’hui, 260 salariés travaillent pour la Cooperl en Chine, en partie dans une ferme de sélection et une usine de fabrication de produits de salaisons.

Cet article est principalement tiré du webinaire « Les Mardis de l’agri – Chine » organisé par Bretagne Commerce International en décembre 2023.
BCI organise régulièrement des webinaires où des experts et acteurs industriels présentent les secteurs agri-agro de pays étrangers (Canada, Mexique, Côte d’Ivoire, Portugal, Philippines,…). Pour retrouver les éditions passées des « Mardis/Jeudis de l’Agro », c’est ici.

Bretagne Commerce International

  1. 2019 était pourtant l’année astrologique chinoise du cochon… ↩︎

Rédigé par William Guillo

Chargé de mission Économie - Emploi, référent alimentation animale, industries agroalimentaires et commerce extérieur

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