Quelles perspectives pour le lait bio ?

L’année ne débute pas sous les meilleurs auspices pour la filière laitière bio. Face à la crise, les distributeurs et certains transformateurs changent de stratégie en jouant sur une réduction de l’offre par tous les moyens. Cependant, cette stratégie n’est pas sans risque pour l’avenir de la filière laitière bio à plus long terme.

En 2022, en cumul jusqu’à octobre, les ventes en volume ont diminué par rapport à 2021 pour l’ensemble des produits laitiers bio. Les laits liquides, plus ancrés dans les habitudes de consommation, s’en sortent le mieux avec une baisse de 8 %. Les produits ultra-frais et les crèmes connaissent les baisses les plus importantes : -18 %. En outre, mis à part pour les beurres, la baisse de consommation ne ralentit pas sur les derniers mois de l’année.

C’est pourquoi la fin de l’année 2022 a été marquée par un changement de ton chez plusieurs opérateurs concernant la crise du lait bio, certains passant d’un discours optimiste à une stratégie de soulagement des marchés.

Moins de produits en rayons

Face à la crise, la réaction des distributeurs est de réduire la place allouée aux produits bio dans leurs rayons. Ainsi, en septembre 2022, l’offre en rayons avait reculé de 7,3 % par rapport à janvier 2022. Désormais, cette diminution de l’assortiment est même plus rapide que le repli effectif de la consommation de produits bio, mesurée à -5 % sur la même période.

Des fabrications en baisse

En cumul jusqu’à novembre 2022, la production laitière bio française a connu une hausse de la collecte de 2,7 % par rapport à 2021 (2,4 % en Bretagne). En revanche, les fabrications laitières ont chuté pour une grande partie des produits. Les fromages frais et lait liquides résistent mieux (respectivement -0,6 % et -9,9 %) que les beurres (-20,4 %) et crèmes conditionnées (-29,1 %).

Une collecte en hausse et des fabrications en baisse entrainent nécessairement une augmentation du déclassement. La part d’utilisation du lait bio pour la catégorie « ingrédients secs, produits vrac et déclassement » passe de 37 % en 2021 à 46 % en 2022, illustrant ainsi l’accroissement du déclassement sur cette année.

Quid des déconversions ?

Malgré ces signaux alarmants, les éleveurs laitiers résistent. Selon Lactalis, moins de 1,5 % de leurs éleveurs en bio se sont lancés dans une démarche de déconversion. L’industriel a pourtant facilité ces démarches, en ne demandant pas le remboursement des soutiens à la conversion et en n’appliquant plus les pénalités prévues dans les contrats de livraisons.

Cette politique n’est pas partagée par tous les transformateurs. Par exemple, du côté d’Agrial, l’objectif est de ne pas perdre en volumes, et cela résulte notamment par une hausse du prix de vente A de près de 10 % en un an. De même, le Cniel, en lançant une nouvelle campagne de communication « Prenez en main la bio ! » conjointement avec le Cerafel, affirme sa volonté d’accompagner le développement de l’offre des produits bio, en particulier en restauration collective.

Ainsi en Bretagne, en 2022, le nombre de points de collecte continue de croître (+2 % de croissance annuelle en novembre). Cette dynamique positive doit être conservée afin que la filière bio puisse faire face à la problématique du renouvellement des générations, à laquelle elle est concernée au même titre que le conventionnel. Il est donc nécessaire de suivre avec attention l’évolution de la filière en Bretagne dans les années à venir.

Rédigé par Olivier Carvin

Chargé de mission Economie - Emploi, référent sur la filière laitière Docteur en économie de l'agroenvironnement. Breton d'adoption. Je mets mes compétences en analyse économique au service de la filière laitière bretonne. Je suis aussi le M. Diffusion de l'équipe.

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