La nutrition animale adapte sa logistique
Les ports de commerce bretons ont organisé leurs marchés pour répondre à l’économie locale. Ainsi, ils se sont spécialisés notamment sur l’importation de matières premières agricoles pour l’industrie de la nutrition animale. Un secteur dynamique en 2022, même s’il ne faut pas occulter le repli structurel des volumes. Pour autant, les acteurs se tournent vers l’avenir et s’engagent dans la décarbonation du transport.
Hausse des volumes importés pour la nutrition animale
Le port de Lorient est devenu le premier port breton en 2022, devant Brest, Saint-Malo et Saint-Brieuc. Ses activités ont connu une progression annuelle de 4 %. Dans les catégories qui ont contribué favorablement à cette dynamique, la nutrition animale tient la corde : +17 % de trafic sur l’année 2022 ! Dans le même temps, les volumes de fabrications annuelles par les industriels bretons de la nutrition animale sont en retrait de près de 4 % sur un an.
L’essor des importations pourrait donc n’être que temporaire en ayant un fondement conjoncturel plutôt que structurel. L’année 2022 a en effet été très particulière avec la guerre en Ukraine qui a déstabilisé profondément les marchés mondiaux. Or, les tourteaux ukrainiens s’étaient peu à peu imposés dans les filières animales puisqu’ils permettent de garantir une alimentation non-OGM. Devant la difficulté à faire sortir la production du pays et les baisses de volumes inévitables, les importateurs se sont adaptés :
- En réorientant leurs achats vers de nouvelles matières premières riches en protéines tout en assurant la qualité de l’aliment et la performance des élevages.
- En adoptant d’autres schémas logistiques pour garantir l’approvisionnement.
Objectif décarbonation pour la nutrition animale
Prenons maintenant la direction de Brest. Là aussi, les importations de tourteaux de tournesol et de soja ont progressé. Mais la vraie actualité du port de Brest, c’est le retour du fret ferroviaire après neuf ans d’absence. Bunge, leader mondial de la transformation des oléagineux, a en effet choisi d’acheminer des graines de colza par rail vers son usine de trituration située au port de Brest. Les convois ont commencé en octobre 2022 et se poursuivent sur l’année 2023, preuve du succès de la démarche.
Ce mode de transport plus vertueux a de nombreux avantages logistiques, économiques et écologiques. Il permet moins de transport routier, moins d’émission de carbone et des économies pour les entreprises confrontées à la hausse des prix des carburants. Il s’intègre aussi parfaitement dans la stratégie de la Région Bretagne.
Le retour du fret ferroviaire à Brest est un événement majeur et une première grande étape que nous sommes heureux de voir franchie ! À la Région, la décarbonation des transports constitue une priorité. Pendant trop longtemps, nous nous sommes contentés du tout camion.
Loïg Chesnais-Girard, Président de Région
Les ports de commerce s’engagent résolument dans la transition énergétique. Le transport terrestre des marchandises est un levier puissant de décarbonation puisqu’il représente 30 % des émissions de GES des ports. Le fret ferroviaire qui a resurgi du passé semble donc promis à un bel avenir !