L’agri-agro breton s’engage pour la décarbonation

La décarbonation est un enjeu majeur et universel auquel n’échappent pas les filières agricoles et agroalimentaires. En Bretagne, les entreprises prennent le sujet à bras le corps en investissant pour améliorer leur empreinte carbone. Le renforcement de leur compétitivité semble indispensable pour atteindre la neutralité carbone.

L’Association Bretonne des Entreprises Agroalimentaires vient de publier un état des lieux de la décarbonation dans les entreprises agroalimentaires bretonnes. 81 % des entreprises interrogées identifient la décarbonation comme une priorité stratégique. Une chose est sûre : l’agroalimentaire breton est mobilisé sur le sujet !

Tous concernés par la décarbonation

Malgré un contexte économique et financier complexe qui fragilise les entreprises , la décarbonation apparaît comme un impératif incontournable pour l’agroalimentaire. Preuve en est, les multiples projets qui voient le jour ces derniers mois :

  • A Créhen, dans les Côtes d’Armor, l’industriel laitier Laïta a inauguré en avril une chaufferie biomasse. Elle fournira plus des deux tiers de la chaleur nécessaire aux activités du site. Un investissement total de 16 M€ qui aura mis près de sept ans à voir le jour.
  • A Ploudaniel, dans le Finistère, Biobleud, spécialiste des pâtes à tarte bio, investit plus de 3 M€ pour construire un nouvel atelier en 2025. Il sera en bois, avec des panneaux photovoltaïques et/ou de la peinture rafraichissante sur le toit pour améliorer l’empreinte carbone.
  • En février, le Cérafel signe un partenariat avec EDF pour accélérer la stratégie de décarbonation de la filière légumes. Trois objectifs sont ciblés : moderniser les outils, réduire les émissions de gaz à effet de serre, améliorer l’efficacité énergétique des exploitations maraîchères et des stations de conditionnement.

La dynamique engagée sur la décarbonation concerne toutes les entreprises, de petite ou grande taille, et dans toutes les filières.

Collaborer pour décarboner

Mais si l’agroalimentaire breton est engagé sur la décarbonation, le secteur n’a pas la main sur l’ensemble des émissions qui lui sont imputées. Ainsi, le bilan carbone de la filière agroalimentaire bretonne issu de l’enquête ABEA est sans surprise : 82,9 % des émissions proviennent des matières premières agricoles. Pour améliorer le bilan carbone de l’agroalimentaire, une collaboration avec l’amont agricole est indispensable pour trouver les solutions et les leviers efficaces.

Cette nécessité de coopération entre les différents maillons des filières agricoles et agroalimentaires, mais également avec les acteurs des territoires, a été une évidence pour les quarante partenaires du projet Startijin Valait. Ce démonstrateur territorial est un « impulseur d’innovations pour la neutralité climatique de territoires à dominante agricole grâce à un élevage laitier réinventé ». Il doit apporter des solutions innovantes et réplicables pour la décarbonation.

Qui pour financer la décarbonation ?

Aujourd’hui, les investissements sont en retrait en raison d’une faible rentabilité de l’agroalimentaire breton. Banque de France identifie ainsi une contraction annuelle des investissements de -12,4 % en 2024 pour le secteur régional. Pourtant, la décarbonation nécessite des montants d’investissement importants. Par exemple, les coopératives laitières ont évalué leurs besoins d’investissement à 900 M€ d’ici à 2030 pour diminuer leur empreinte carbone de 35 % (3,3 Mds€ seraient nécessaires pour une réduction de 85 %).

Les filières demandent un soutien pour passer le cap, tant des pouvoirs publics que des consommateurs. Une enveloppe budgétaire publique de 1,55 Md€ est dédiée pour soutenir la décarbonation des industries. Au vu de l’enquête ABEA, la décarbonation est une ambition forte pour l’agroalimentaire breton. Il y a donc fort à parier qu’elles seront nombreuses à solliciter ce soutien !