Fruits et légumes en France : entre production locale et consommation exotique

L’augmentation de la dépendance française aux importations est principalement liée à une diminution structurelle de la production nationale plutôt qu’à une hausse de la consommation. De plus, la dynamique de la production par légume ou par fruit ne correspond pas à celle de la consommation, car les consommateurs se tournent de plus en plus vers des variétés exotiques, actuellement peu produites dans notre région.

Un solde commercial en fruits et légumes déficitaire qui se dégrade

Le déficit de la France en fruits et légumes continue de se creuser. En 2022, il s’établit à -3,5 millions de tonnes en volume et -5,1 milliards d’euros en valeur. Les échanges commerciaux de fruits sont principalement responsables de cette détérioration, représentant plus des deux tiers du déficit, soit -3,5 milliards d’euros en 2022 contre -1,6 milliard d’euros en 2021. Le déficit en légumes s’accroît également, atteignant -1,6 milliard d’euros en 2022, soit un doublement depuis 2012.

Le taux d’auto-approvisionnement en fruits et légumes poursuit son recul

Le taux d’auto-approvisionnement en fruits et légumes a connu une nette détérioration au cours des deux dernières décennies. Entre 2000 et 2020, il a chuté de 64,6 % à 50,8 % pour l’ensemble des fruits et légumes frais, ce qui représente une baisse significative de 13,8 points. Cependant, ces dernières années, il montre des signes de stabilisation. Une analyse des données montre une baisse plus prononcée pour les fruits, avec une diminution de 16,8 points pour atteindre 39,5 % en 2020. En revanche, pour les légumes, le recul est moins marqué, avec une baisse de 10,6 points, portant le taux à 61,3 % en 2020. Il est à noter que si l’on exclut les agrumes et les fruits exotiques, le taux d’auto-approvisionnement remonte légèrement à 62,7 %, avec 65,6 % pour les fruits frais.

Des volumes de production en baisse

Malgré un redressement de la production française de légumes depuis 2017, celle-ci a régressé de 9 % sur la période de 2000 à 2022. En Bretagne, le recul de la production de légumes est encore plus marqué, avec -20 % entre 2000 et 2022, sans signe de reprise à la fin de la période. En ce qui concerne les fruits, la baisse de la production nationale observée entre 2000 et 2010 (-8 %) s’est poursuivie (-15 %) au cours de la décennie suivante, entraînant une diminution totale de près de 23 % sur vingt-deux ans. Dans le cas des fruits, le recul de la production en Bretagne est également plus prononcé (-30 % entre 2000 et 2022), avec une régression plus significative au cours de la deuxième décennie.

En compensation les importations de fruits et légumes progressent

Compte tenu de la baisse du taux français d’auto-approvisionnement, les importations françaises de légumes ont atteint 2,3 millions de tonnes en 2023, en hausse de 3,6 % par rapport à l’année précédente et de 31 % entre 2010 et 2023. La majorité des importations provient de l’UE à 28, bien que cette tendance soit à la baisse au cours des cinq dernières années. En revanche, les importations en provenance des pays tiers, bien que nettement inférieures, montrent une orientation à la hausse.

Les légumes les plus importés en termes de volumes sont les tomates, le melon et les carottes. Le profil des importations de fruits est différent, avec une diminution de l’origine UE à 28 (-43 % entre 2010 et 2023), tandis que sur la même période, les achats en provenance des pays tiers augmentent de 41 %. En détail, les importations de fruits tropicaux connaissent une progression de 61 % entre 2010 et 2023.

Alors que les achats des ménages de fruits et légumes reculent

Selon Kantar, les achats de fruits et légumes frais pour la consommation à domicile se chiffrent à 160,1 kg par ménage en 2023, enregistrant un recul de 4,7 kg par ménage par rapport à l’année précédente. Par rapport à la moyenne de la période 2018-2022, les achats diminuent de plus de 13 kg par ménage. En revanche, les dépenses augmentent de 10,5 € par ménage sur un an, ce qui est lié à une augmentation du prix moyen payé à l’achat, passant de 2,87 € par kg en 2022 à 3,02 € par kg en 2023.

Une demande orientée vers des fruits et légumes peu produits en France

Les légumes qui ont enregistré la plus forte hausse des achats des Français entre 2016 et 2021 incluent les pastèques, les choux, les champignons, les poivrons, les concombres et les oignons. Parmi eux, la production française de pastèques, de concombres et d’oignons a progressé respectivement de +49 %, +30 % et +50 % sur la période 2016-2021. Ces productions sont présentes en Bretagne, en hausse de respectivement +119 %, +30 % et +110 % sur la même période mais pour des volumes limités : moins de 6 % de la production nationale.

Pour ce qui est des fruits, les petits fruits rouges, la mangue, l’ananas, l’avocat et la banane se démarquent par leur dynamisme en termes d’achats. Parmi eux, les petits fruits rouges sont produits en France, avec une croissance de 36 % des volumes entre 2016 et 2021. La production de petits fruits rouges en Bretagne a également augmenté de 55 % sur cette période. L’avocat est une culture plus récente en France, principalement en Corse, avec une multiplication par deux des volumes sur la période.

L’augmentation de la dépendance française aux importations est principalement due à une diminution structurelle de la production nationale plutôt qu’à une augmentation de la consommation. De plus, la dynamique de la production par légume ou par fruit ne correspond pas à celle de la consommation, car les consommateurs se tournent de plus en plus vers des variétés exotiques qui, de plus, sont actuellement peu produites en Bretagne. Ce déficit serait encore plus marqué si les préconisations du Plan National Nutrition Santé de consommer cinq fruits et légumes par jour étaient respectées. En effet, selon le Crédoc, seulement 10 % des enfants et 32 % des adultes respectaient en 2019 ces recommandations.

Rédigé par Nathalie Le Drezen

Chargée de mission Economie - Emploi, référente sur les filières légumes frais, légumes transformés et œufs de consommation

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