Rebond des exportations agricoles et agroalimentaires bretonnes au Royaume-Uni

2022 marque un rebond significatif pour les exportations agricoles et agroalimentaires bretonnes au Royaume-Uni, en valeur comme en volume. Le Royaume-Uni reste ainsi le septième client de la Bretagne.

Hausse des exportations agricoles et agroalimentaires bretonnes au Royaume-Uni

En 2022, les exportations agricoles et agroalimentaires bretonnes vers le Royaume-Uni s’élèvent à 356 millions d’euros. La performance s’améliore ainsi de 50 millions d’euros par rapport à 2021.

Cependant, il faut bien noter que la conjoncture inflationniste actuelle rend difficile les comparaisons annuelles de courants d’affaires en euros. L’indice FAO des prix des produits alimentaires sur les marchés mondiaux a atteint des niveaux records en 2022. L’inflation annuelle est de 14 % en 2022, après déjà +28 % en 2021. Il est donc intéressant de se pencher sur l’évolution des échanges en volume. En 2022, les exportations agricoles et agroalimentaires bretonnes vers le Royaume-Uni s’élèvent à 143 000 tonnes. C’est près de 20 000 tonnes supplémentaires par rapport à 2021, soit une progression annuelle de 16 %.

Les exportations agricoles et agroalimentaires bretonnes dopées par les céréales

L’analyse des exportations par filière montre des évolutions contrastées.

Tableau de synthèse : exportations bretonnes agricoles et agroalimentaires vers le Royaume-Uni en 2022

En premier lieu, la filière céréales explique quasiment à elle-seule la progression des volumes exportés. En effet, la Bretagne a envoyé plus de 30 000 tonnes supplémentaires de céréales vers le Royaume-Uni en 2022. Cela peut notamment s’expliquer par la sécheresse extrême qui a frappé le pays en 2022, à l’instar de ce qui a été observée dans toute l’Europe.

Ensuite, on peut noter la très bonne performance du secteur breton des biscuits, pains et pâtisseries. Après les années difficiles liées à la crise sanitaire, le secteur retrouve une bonne dynamique à l’export. Avec plus du quart de la valeur de l’export breton vers le Royaume-Uni, il devient même le premier contributeur de ce courant d’affaires. Les viandes et les produits laitiers font également une bonne année. Valeurs et volumes progressent sur l’année 2022, sans pour autant retrouver leurs niveaux de 2019 antérieurs au Brexit et au Covid.

Enfin, la pêche et les légumes sont en retrait sur l’année 2022. La baisse est conjoncturelle pour les légumes. Elle est liée aux conditions climatiques qui ont impacté les rendements. Plus inquiétant, le repli semble structurel pour les produits de la pêche avec une perte d’un millier de tonnes à l’export entre 2019 et 2022. Au-delà de cette réduction des exportations, le Brexit pèse aussi très directement sur l’activité bretonne du secteur de la pêche, avec notamment la réduction des accès aux eaux britanniques.

Les raisons du succès !

La bonne performance des filières agricoles et agroalimentaires bretonnes au Royaume-Uni en 2022 intervient après deux années de repli marquées par le Covid et le Brexit. Ce rebond traduit la volonté des entreprises à maintenir une stratégie exportatrice vers le Royaume-Uni. Il a également été facilité par un contexte favorable. L’euro a chuté brutalement pour atteindre la parité avec le dollar à l’été 2022. Cette dépréciation monétaire permet aux entreprises européennes de gagner en compétitivité sur les marchés mondiaux, stimulant ainsi les exportations.

Autre élément concernant spécifiquement le marché britannique : les contrôles douaniers post-Brexit n’ont toujours pas été mis en place du côté du Royaume-Uni. Après quatre reports, ils devraient enfin être instaurés aux frontières en 2023.

Ces éléments conjoncturels seront à surveiller de près pour analyser l’effet plein et entier du Brexit sur les filières agricoles et agroalimentaires bretonnes. Une crainte toute particulière est exprimée sur les produits ultra-frais. Ils pourraient subir des délais logistiques incompatibles avec leur courte durée limite de consommation en raison des nouvelles procédures de certification.

Rédigé par Delphine Scheck

Chargée de mission Economie - Emploi, référente industries agroalimentaires et commerce extérieur

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