L’emploi agricole en France : les besoins en recrutement de salariés progressent
Le baromètre IFOP / FNSEA permet de suivre l’évolution de la conjoncture agricole grâce au recueil d’informations auprès des agriculteurs eux-mêmes*. Sur les questions sociales, on peut suivre l’évolution des recrutements au niveau national.
Une hausse des recrutements en CDI
Au premier trimestre 2023, 16 % des agriculteurs ont embauché du personnel, proportion en hausse de 3 points par rapport à la même période un an plus tôt. Les agriculteurs ont essentiellement embauché des CDD (75 %) ; 19 % ont embauché des CDI et 6 % à la fois des CDI et des CDD. Logiquement, la viticulture, l’arboriculture, l’horticulture et le maraîchage, sont les secteurs qui recrutent le plus.
Pour la période à venir, 14 % des agriculteurs envisagent d’embaucher au moins une personne en CDD dans les trois prochains mois (+2 points sur un an) et 6 % envisagent d’embaucher en CDI (+3 points). Sur les années 2010/2018, la part des agriculteurs prévoyant des embauches en CDI au deuxième trimestre était généralement de 2 ou 3 %. Ces dernières années, cette part peut atteindre 5 à 6 %. En 2023, les viticulteurs (9 % d’entre eux) et les éleveurs laitiers (8 %) sont ceux qui prévoient le plus d’embauches en CDI.
Le recours au salariat devient un enjeu primordial
Du côté des agriculteurs eux-mêmes, les départs vont augmenter : 17 % envisagent la possibilité de cesser leur activité dans l’année. Cette proportion n’était que de 12 % en 2020 et 2021, et qui est passée à 16 % en 2022. Si la principale raison qui explique ces perspectives de cessations est naturellement liée au départ en retraite (39 %), la deuxième tient aux difficultés financières trop lourdes pour l’exploitation (27 %). Parmi les autres motifs de départ, les répondants font référence à une fatigue générale par rapport à leur activité.
Les cessations d’activité d’agriculteurs n’étant pas compensées en totalité par des installations de nouveaux agriculteurs, le recours au salariat devient un enjeu pour l’avenir du secteur. Or, les difficultés pour trouver ces salariés sont croissantes. Selon l’enquête BMO (besoin en main d’œuvre) de Pôle emploi, la part des projets de recrutements jugés difficiles (recrutements pour lesquels les employeurs agricoles pensent qu’ils auront du mal pour trouver le bon candidat) est passée de 25 % en 2015 à 57 % en 2023. En Bretagne, cette part est passée de 26 % à 67 % sur la même période. Cette problématique devient un facteur majeur auquel de plus en plus d’agriculteurs sont confrontés.
* Baromètre trimestriel IFOP / FNSEA réalisé à partir d’un échantillon de 1 501 exploitants agricoles, ces derniers ayant été interviewés entre le 15 et le 31 mars 2023.