Du mouvement dans l’accouvage

Le secteur de l’accouvage en France c’est selon le Syndicat National des Accouveurs 84 entreprises et 114 couvoirs en 2023. L’activité représente 15 millions de poussins par semaine en France sur 950 millions dans le monde. Après plusieurs opérations de restructuration avant 2019, le secteur français de l’accouvage connait depuis deux ans de nouveaux mouvements et investissements, reflets d’adaptations à la réglementation bien-être, de recherche de compétitivité et d’orientations stratégiques variées.

En œuf, l’ovosexage comme moteur d’investissement.

L’interdiction de l’élimination des poussins mâles entrée en vigueur le 1er janvier 2023 en France a nécessité d’importants investissements dans les couvoirs, afin d’acquérir des installations permettant l’ovosexage. Le coût des investissements avait été évalué à 50 millions d’euros pour les cinq couvoirs français spécialisés dans la fourniture de poules pondeuses. Pour Lohmann (filiale du groupe allemand EW Group) sur le site de Saint-Fulgent, qui représente 35 % des parts du marché national des pondeuses, le changement de process a coûté entre 3 et 5 millions d’euros (source LSA). De son côté le couvoir Hy-Line France à Loudéac a dû être repensé. Cela a nécessité 3,75 millions d’euros d’investissement. Ces investissements ont été en partie soutenus par FranceAgrimer.

Galina grandit

En volailles de chair, l’accouvage vient de connaître quelques évènements majeurs. Le groupe LDC continue d’étoffer sa filiale amont Galina. Celle-ci est issue de rachats successifs de plusieurs couvoirs : en Bretagne le couvoir Perrot en 2017, puis celui du Sourn en 2018. Par la suite, en 2020, LDC reprend l’Etablissement Daviet (devenu Galina Vendée) et plus récemment (le 1er mai 2023) Orvia Maine, devenu Galina Maine (600 000 poussins par semaine). Galina est spécialisée dans la production de poussins « standard » pour 75 à 80 % de sa production, certifiés (20 %) et label (5 %). La capacité totale du groupe atteindrait de 4,1 millions de poussins par semaine soit environ 30 % du marché français en poulets de chair. LDC confirme sa volonté de conforter l’amont afin de sécuriser l’approvisionnement de ses différentes filières (standard, label) et aussi de sécuriser l’approvisionnement de ses outils d’abattage-découpe-transformation.

Orvia se spécialise en canards

Le groupe Orvia a été fortement impacté par l’épisode de grippe aviaire du printemps et de l’automne 2022. Ses élevages de sélection et de multiplication de palmipèdes des Pays de la Loire ont en effet été décimés par deux fois. Le groupe a donc décidé d’accélérer son processus de réorganisation et de se spécialiser sur les palmipèdes. Il souhaite aussi continuer son développement dans la filière des insectes. Ainsi, le groupe a cédé les activités liées à l’espèce Gallus. Il a donc vendu à BD France le couvoir de Saint-Hilaire (racheté en 2012) dans lequel il avait pourtant investi dix millions d’euros entre 2016 et 2018. Avec une capacité de 1,2 million de poussins par semaine, c’était devenu le couvoir le plus grand de France.

En mai 2023, Orvia a également cédé le couvoir de Volnay (poussin label) qu’il avait repris début 2018 à Hendrix. En tout début d’année 2024, le groupe a signé un accord avec la famille Le Pottier. Ses 36 nouveaux bâtiments situés en dehors de Zones à Risques de Diffusion lui permettent de renforcer sa filière dans le Sud-Ouest, de sécuriser sa production de canetons et de disperser le risque sanitaire.

BD France rachète un couvoir…

BD France, appartenant à un groupe familial belge et une coopérative danoise, dispose de six couvoirs en France (dont deux en Bretagne) pour une capacité totale de 4,5 millions de poussins par semaine. Le rachat du couvoir de Saint-Hilaire-de-Loulay (Vendée) à Orvia en mai 2023 lui permet de devenir l’un des deux plus gros fournisseurs de poussins français avec Galina. Le groupe représente aujourd’hui environ 30 % des besoins français en poussin de chair standard quotidien, certifiés, ECC et label. Il entend contribuer à accompagner la filière française dans sa reconquête du marché intérieur, qui bénéficie de tendances de consommation favorables à la viande de volailles mais est aujourd’hui largement alimenté par l’importation.

…et investit

BD France a aussi effectué de nombreux investissements. En Bretagne, le couvoir de Plabennec (ancien couvoir Goasduff acheté en 2017), devenu aussi le siège du groupe en France, a bénéficié de 16 millions d’euros d’investissements entre 2019 et 2023 (extension de la zone d’incubation, mise en place d’un dispositif de vaccination dans l’œuf, nouveaux éclosoirs, accueil du personnel…). Il a permis aussi d’augmenter la capacité de production de 15 % pour atteindre 1,2 million de poussins/semaine. De son côté le couvoir de Saint-Marcellin (Isère) repris en 2018 a bénéficié de 2,5 millions d’investissement entre 2018 et 2023 afin de remplacer les incubateurs et d’installer un système de vaccination in-ovo. L’objectif est d’atteindre une capacité de 600 000 poussins/semaine (contre 520 000 aujourd’hui).

Depuis la première crise d’influenza aviaire au milieu des années 2010, la concentration du maillon de l’accouvage s’est poursuivie, les groupes atteignent des tailles critiques leur permettant d’assurer des investissements conséquents en faveur de la compétitivité, de la maitrise du risque sanitaire et du respect des normes de bien-être animal

Rédigé par Nathalie Le Drezen

Chargée de mission Economie - Emploi, référente sur les filières légumes frais, légumes transformés et œufs de consommation

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