L’élevage peut rapporter gros !
En 2022, le résultat courant des exploitations bretonnes était de 77 000 euros par exploitant. Ce chiffre record confirme une tendance à l’amélioration de la santé économique des fermes bretonnes depuis quelques années. Ce contexte n’a pourtant pas empêché l’élevage de décliner. Les raisons sont sans doute autres que d’ordre purement économiques.
C’est un des paradoxes de l’agriculture bretonne, plus particulièrement de son élevage. Les volumes de production baissent alors que les résultats économiques des exploitations sont bons voire exceptionnels. La dernière publication d’Agreste, consultable ici, analyse dans le détail ces performances pour 2022.
Des revenus exceptionnels en 2022 pour l’élevage
Ce travail s’appuie sur une enquête qui collecte des données comptables auprès d’un échantillon représentatif de 458 exploitations bretonnes. Il en ressort que l’EBE (excédent brut d’exploitation) par emploi non salarié en équivalent temps plein s’établit en moyenne à 112 000 euros toutes orientations confondues. Ce chiffre est en hausse de 39 % en un an. Le résultat courant avant impôts (RCAI) par exploitant, net des charges financières et amortissements, s’élève à 77 000 euros. Un montant en progression de 71 % par rapport à 2022. Comme le tableau ci-dessous le montre, ces résultats exceptionnels sont tirés vers le haut par les élevages porcins.
Il est estimé que le RCAI par exploitant des élevages porcins bretons a dépassé le niveau record de 150 000 euros ! Cette production a non seulement profité de l’envolée des cours mais aussi par des aides liées au plan de sauvetage de la filière mises en place suite aux difficultés de marchés rencontrées en 2021.
Des hausses conséquentes de revenus sont aussi enregistrées pour les élevages laitiers et de volaille de chair. Les élevages bretons ont certes vu leurs charges fortement augmenter à partir de 2022 mais l’accroissement des prix de vente a plus que compensé ces surcoûts. Faute de taille d’échantillon suffisante, ces résultats ne sont pas déclinés dans les autres productions, notamment végétales. Une comparaison avec les autres régions montre cependant que la Bretagne arrive en troisième position des régions en termes d’EBE des exploitations toutes orientations confondues. Seuls l’Île-de-France et les Hauts-de-France font mieux. L’élevage a donc bénéficié d’une bonne conjoncture cette année-là. Agreste note que les exploitants ont profité de ces très bons résultats pour réduire leur taux d’endettement et accroître leurs investissements.
Des revenus meilleurs depuis quelques années
2022 a donc été exceptionnelle pour les revenus des agriculteurs bretons. Un regard dans le rétroviseur permet de constater que si cette année sort du lot, elle s’inscrit dans une tendance plus lourde d’amélioration des résultats économiques des exploitations agricoles depuis quelques années. Le graphique ci-dessous est explicite :
Pour ces typologies, seules les exploitations spécialisées en volaille de chair ont un RCAI plus faible sur la période 2018-2022 qu’en 2013-2017. La situation économique des exploitations laitières et porcines est en revanche bien meilleure. Les données annuelles au niveau français confirment cette embellie des dernières années.
Les résultats courants avaient tendance à régresser pour l’ensemble des exploitations entre 2010 et 2016. Ils remontent depuis et très fortement en 2022. Les exploitations spécialisées en viande bovine font figure d’exception puisque leurs résultats ont reculé entre 2016 et 2020.
Si ces chiffres d’Agreste s’arrêtent en 2022, la conjoncture de l’année 2023 et de début 2024 laisse supposer que les élevages bretons continuent d’engranger de très bons résultats économiques. Or, malgré ce contexte favorable depuis quelques années, la production décline. Ce constat contraire à la loi de l’offre et de la demande permet de déduire que d’autres facteurs que ceux d’ordre purement économique sont à l’œuvre : renouvellement des générations, désintérêt des nouveaux entrants pour l’élevage, freins à la production etc.
Quid des productions alternatives ?
De par le mode de compilation de cette enquête, les productions secondaires ne sont pas intégrées dans cette étude. Il serait pourtant intéressant de connaître les résultats économiques des exploitations de type maraîchage, petits herbivores, et celles en bio, très prisées par une part grandissante des nouveaux installés. Cette étude a néanmoins le mérite de montrer que l’on peut bien gagner sa vie en élevage. Un argument à mettre en avant pour améliorer l’attractivité de ce métier ?
Définition : Le résultat courant avant impôt (RCAI) se déduit de l’EBE après la prise en compte des amortissements (non décaissables), des produits financiers et des charges financières. Il est calculé avant déduction des charges sociales de l’exploitant.