Une hausse des investissements chez les exploitations laitières bretonnes

Malgré la hausse des charges, l’année 2022 et le 1er semestre 2023 ont été favorables aux exploitations laitières bretonnes, qui ont pu bénéficier d’une situation exceptionnelle sur les marchés mondiaux. Selon le Crédit Agricole, cette situation a eu pour conséquence une hausse importante des investissements. La marge laitière, toujours élevée au 2nd semestre 2023, se traduira-t-elle aussi par des investissements importants dans les mois à venir ? Rien n’est moins sûr.

A tous points de vue, l’année 2022 a été exceptionnelle pour les éleveurs laitiers bretons. En particulier, un accroissement conséquent du prix payé aux producteurs (+23,9 % d’augmentation entre décembre 2022 et décembre 2023 pour le prix réel) leur a permis de faire face aux hausses des charges et d’améliorer la marge laitière. Ainsi, l’indicateur de marge laitière Milc (base 100 : 2015) est passée de 107,7 à 168,9 sur la même période, un niveau alors jamais atteint.

Une hausse importante des investissements

Selon différents acteurs des banques interrogés en fin d’année, cette situation sans précédent a permis, globalement, d’améliorer la trésorerie des exploitations laitières bretonnes. Cette conjoncture favorable a-t-elle aussi pu faire accroître les investissements des exploitations ? C’est le cas, selon le Crédit Agricole, qui a présenté un certain nombre de résultats lors de leur conférence annuelle au Space. Les investissements des exploitations laitières bretonnes ont augmenté de 31 % en 2022 par rapport à 2021. La filière porte ainsi les investissements de l’ensemble du secteur agricole breton (+2,1 %/2021).

Précisons que l’inflation des prix des matériels agricoles (+9,4 %), ne permet d’expliquer qu’une partie de la hausse des investissements en 2022. Ce contexte exceptionnel a donc réellement permis aux exploitations laitières de moderniser leurs outils.

Un ralentissement prévu au 2nd semestre

Sur l’ensemble du 1er semestre 2023, la Milc s’est dégradée (144,2 en juin), conséquence d’une baisse plus importante du prix (-9,4 % entre janvier et juillet) que des charges (-4,7 % sur la même période). Elle reste cependant largement supérieure à la marge moyenne avant période d’inflation, et l’amélioration des trésoreries tout au long de l’année 2022 a permis d’alimenter les investissements lors du 1er semestre 2023. Ainsi, la hausse des investissements bretons sur cette période par rapport au 1er semestre 2022 (+12,8 %) est essentiellement portée par les filières lait et mixte.

Toutefois, un ralentissement des crédits alloués, toutes filières confondues, est noté en juillet et août. Par ailleurs, l’année 2023 est caractérisée par un accroissement des taux d’intérêts. Pour de l’équipement agricole, les taux d’intérêts passent ainsi en moyenne de 1,2 % début 2022, à 3,9 % en juin 2023 selon la Banque de France. Cette hausse des taux d’intérêts devrait freiner les demandes de crédits lors du 2nd semestre. En revanche, le volume d’épargne des exploitations laitières, encore en hausse lors du 1er semestre, devrait continuer d’augmenter jusqu’à la fin de l’année et pourra ainsi être mobilisée lors d’un inversement de tendance des taux d’intérêts ou de la conjoncture.

Rédigé par Olivier Carvin

Chargé de mission Economie - Emploi, référent sur la filière laitière Docteur en économie de l'agroenvironnement. Breton d'adoption. Je mets mes compétences en analyse économique au service de la filière laitière bretonne. Je suis aussi le M. Diffusion de l'équipe.

Rédiger un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.