De la décapitalisation bovine à la baisse des abattages
Les effectifs de l’ensemble des vaches bretonnes baissent depuis 2018 en Bretagne. Au début de la décennie de 2010, le nombre de vaches laitières a augmenté dans un contexte de libéralisation des quotas laitiers. Cette hausse permettait de compenser le déclin continu du cheptel allaitant. A son plus haut, la Bretagne comptait 887 006 vaches.
Depuis 2018, cette tendance s’est inversée pour le cheptel laitier. En quatre ans, notre région a perdu 51 000 vaches laitières, soit 6,5 % de ses effectifs. Sur la même période, l’érosion du troupeau allaitant s’est accélérée avec une perte de 13 000 vaches, soit l’équivalent de 11,5 % des effectifs.
Les effectifs de vaches baissent depuis 2018 en Bretagne
Détail entre troupeaux laitier et allaitant
Cette décapitalisation bretonne se retrouve à l’échelle nationale puisque la France a perdu 651 000 vaches en 5 ans, soit 9 % de ses effectifs.
Face à cette évolution qui commence à prendre de l’ampleur, la production bretonne de gros bovins est restée stable jusqu’à récemment. Les chiffres de la statistique agricole d’Agreste, qui s’arrêtent à 2020, montrent qu’entre 2018 et 2020, la production régionale est stable.
Une production bretonne de gros bovins stable depuis 2015
Les chiffres de l’EDE, qui donnent le nombre de bovins bretons abattus, indiquent même que 357 811 gros bovins bretons se sont fait abattre en 2021 contre 355 440 en 2020. Autrement dit, alors même que la décapitalisation s’accélère, les abattages s’accroissent. Ce qui est logique puisque qui dit décapitalisation, dit plus de vaches prenant la direction de l’abattoir. Cependant, à partir d’un certain temps, la perte de potentiel de production que représente cette décapitalisation se concrétise malgré tout dans les chiffres d’abattage. Il semble que ce moment soit arrivé en Bretagne.
Des sorties boucherie de gros bovins bretons qui commencent à chuter
Sur les neuf premiers mois de 2022, le nombre de gros bovins bretons prenant la direction de l’abattoir chute de 5,6 % par rapport à 2021. Les abattages bretons se rétractent de 8 % sur les 8 premiers mois de 2022. Au niveau national, le retrait est de 4 %.
Il aura donc fallu cinq ans pour que la baisse des effectifs de vaches se matérialise par une baisse de production, preuve s’il en fallait que l’élevage bovin est une production à cycle long. Cette baisse de l’offre explique en grand partie les bons prix des derniers mois, d’autant que la plupart des pays européens connaissent une situation similaire à La France. Étant donné l’inertie entre évolution des effectifs et abattages, il est donc très probable que les productions bovines bretonne et française soient entrées dans une période de décroissance qui durera plusieurs années. Cela représentera à un fort levier de soutien des prix. C’est aussi peut-être le moment pour les éleveurs de négocier une contractualisation en position de force tant la sécurisation de leur approvisionnement est d’ores et déjà un enjeu vital pour l’aval de la filière.