Les circuits courts sont sur de bons rails en Bretagne
Définis comme une vente présentant un intermédiaire au plus, les circuits courts se développent en Bretagne. Même si des défis subsistent, le désir d’une partie des clients pour une consommation plus responsable encourage cette dynamique.
Une offre généreuse en circuits courts en Bretagne
Les circuits courts bretons sont portés par 3 330 exploitations soit 1 exploitation sur 6, (recensement agricole 2020). Au classement national du nombre de points de vente pour 100 000 habitants, la Bretagne se situe en milieu de peloton.
Parmi la diversité des points de vente en circuits courts en Bretagne, les marchés en couvrent près de la moitié. Suivent la vente directe de poissons (une spécificité régionale avec près de la moitié des points de vente nationaux) et les AMAP (1).
Indicateur de la présence des circuits courts dans le paysage commercial, le ratio points de vente en circuit court pour une GMS (grande et moyenne surface [commerciale]) distingue l’Ille-et-Vilaine comme le département breton où ceux-ci sont les plus présents avec 0,86 point de vente en circuit court/GMS, quand le Finistère ferme le classement à 0,68 (2).
A l’échelle des communautés de communes, le centre-nord de la région ressort comme moins doté en offre de proximité. La dynamique d’installation en Bretagne pourrait résorber cette situation : la commercialisation en circuits courts concerne 1 installation aidée sur 3. Le profil moyen du porteur de projet est trentenaire (33 ans), paritaire (50 % de femmes), en bio (88 %) et à 80 % hors cadre familial.
La consommation responsable face au défi économique
Malgré les contraintes économiques, la conscience environnementale reste forte chez les Français. En 2023, 73 % des Français considéraient la situation environnementale préoccupante. Un changement radical dans l’organisation de l’économie et de la société était même appelé par 56 % d’entre eux. Ces considérations poussent de nombreux consommateurs à privilégier des modes de consommation plus responsables, par une stratégie de relocalisation de la consommation (voir Le local : nouveau moteur de la croissance ?) qui dépasse aujourd’hui la stratégie d’éco-responsabilité comprenant les achats de produits biologiques (3) (voir ci-dessous).
Certains consommateurs jugent le bio trop cher. Toutefois, la combinaison bio et local reste une tendance forte. Ainsi, environ 91 % des consommateurs de produits bio trouvent important le critère de l’origine locale. Les épiceries alternatives de proximité intègrent déjà une proportion significative de produits locaux, et cette tendance devrait se renforcer.
Selon une étude à l’échelle nationale menée en février 2024 (4), les produits les plus consommés en circuits courts sont les fruits et légumes (81 %), le fromage (52 %) et la viande (46 %). Ce type d’achat est fréquent : 67 % (+6 point sur un an) des Français y recourent chaque mois. Cette tendance est particulièrement forte chez les 55-64 ans (72 %). Des défis subsistent, notamment la difficulté à localiser les points de vente de proximité. Mais ces freins sont en recul, signe que l’achat en circuits courts devient de plus en plus accessible.
Soutenir les projets innovants
Pour répondre à la demande croissante, les producteurs bretons doivent continuer à innover. L’adaptation de leurs modes de commercialisation aux besoins des habitants de leur territoire est un exemple.
Mais l’innovation doit aussi se penser sur les exploitations : les questions de charge de travail et de charge mentale se posent avec la multiplicité des tâches. Celles-ci doivent être résolues pour garantir la durabilité et la transmissibilité de ces ateliers.
Cet article est issu d’une présentation réalisée lors du forum des circuits-courts organisé par la Chambre d’agriculture de Bretagne.
Cet événement qui a regroupé agriculteurs, porteurs de projets et prestataires des circuits courts a été l’occasion d’échanger et de concrétiser des projets sur des exploitations.
Rendez-vous ici pour retrouver toutes les conférences qui se sont tenues à distance (professionnaliser sa communication, établir son coût de revient, participer à un marché de producteurs de pays, prévenir les risques de vols,…)
- AMAP : Association pour le maintien d’une agriculture paysanne ↩︎
- Obsat, RMT Alimentation locale, chiffres 2023 ↩︎
- ObSoCo, Observatoire de la consommation responsable n°2, 2023 ↩︎
- Étude Pourdebon x Kantar, février 2024 ↩︎