Croissance de la consommation d’œufs malgré la hausse des prix

Malgré la hausse des prix au détail, la consommation globale d’œufs progresse. Cependant la dynamique des achats des ménages est très différente selon les modes de production.

Depuis le début de l’année 2022, l’inflation a touché la majeure partie des produits. L’alimentation n’y a pas échappé. En effet, sur un an, entre décembre 2021 et décembre 2022, les prix de l’alimentation ont progressé de 12 % et ceux des œufs de 17 %. L’inflation s’est poursuivie en 2023, avec en octobre 2023 +7 % sur l’alimentation et +9 % sur les œufs en un an. On note toutefois un léger recul depuis le mois de septembre.

Une hausse du prix des œufs, mais l’œuf reste la protéine la moins chère

Selon l’Itavi, c’est la protéine animale qui a connu la plus forte hausse de prix (+11,6 % sur un an en août 2023). Mais à 4,40 €/kg, l’œuf reste deux fois moins cher que le poulet entier, trois fois moins cher que le porc et plus de quatre fois moins cher que la viande hachée.

Cette hausse des prix a-t-elle eu un impact sur la consommation des œufs ?

En 2022, chaque Français a consommé 221 œufs, ce qui correspond à une consommation d’un peu plus de quatre œufs par semaine et par personne. Malgré la hausse des prix, la consommation globale a progressé de deux œufs par personne et par an entre2021 et 2022.

L’œuf a même attiré de nouveaux ménages, puisque 96,5 % des foyers français ont été acheteurs d’œufs en 2022, un taux de pénétration en croissance de 0,4 points sur un an. De plus, selon une enquête du CSA pour le CNPO, les œufs sont au menu de 89 % des Français au minimum une fois par semaine. Ils sont même 54 % à en consommer plusieurs fois par semaine. 8 % disent en consommer tous les jours ou presque.

Les œufs plein-air dominent dans le panier des Français

Mais tous les œufs ne se ressemblent pas. Dans les achats d’œufs coquille en GMS, ceux sont les œufs plein-air (y compris Label Rouge) qui ont la faveur des Français. Ils représentent près de 40 % de parts de marché en 2022. Avec près d’un quart des volumes, les achats d’œufs de cages aménagées restent importants, bien que la majorité des enseignes de distribution se soit engagée à arrêter leur commercialisation d’ici 2025.

Selon une étude de l’Itavi, la consommation d’œufs selon le mode production dépend du niveau de vie. En effet, logiquement les œufs bios et Label Rouge sont consommés principalement par les catégories les plus aisées. En revanche, les œufs cages sont surconsommés par les ménages les plus modestes. Seul le niveau de consommation des œufs plein-air reste comparable d’une classe à une autre.

Indice de consommation des œufs coquille selon la classe socio-économique du chef de famille (moyenne du panel : indice 100)
Source : Itavi d’après Kantar Worldpanel pour FranceAgriMer

En 2023, les œufs bios et Label Rouge pâtissent de leurs prix élevés

Sur les neuf premiers mois 2023, la consommation reste dynamique. Elle progresse de 2,5 % par rapport aux neuf mois 2022, malgré une hausse sensible du prix au détail. La demande est largement tirée par les œufs au sol et plein-air (hors Label Rouge), alors que les œufs cages et bio poursuivent leur recul pour des raisons différentes. Les enseignes continuent de déréférencer l’œuf cage, qui est donc moins disponible pour le consommateur.

De son côté, le bio pâtit de son prix élevé dans une période de forte inflation. Selon Kantar, en moyenne sur les neuf premiers mois de 2023, le prix des œufs bio par rapport au prix des œufs sol et cage est respectivement 1,8 et 2,2 fois plus élevé. L’écart est moins important avec les œufs Label Rouge, seulement 16 % plus chers que les œufs bios. Les achats d’œufs Label Rouge et surtout bio chutent, en grande partie en raison de leur prix élevé.

Face à l’inflation qui concerne tous les postes de dépenses des ménages, le consommateur fait des arbitrages. Il choisit de ne pas dépenser plus en alimentaire et change sa manière de consommer. Plutôt que de toucher à d’autres postes de dépenses, il applique le « trading down ». C’est à dire qu’il remplace le bio par du Label Rouge et le Label Rouge par du Plein-Air.

Et du côté de la production ?

En France il reste 10,3 millions de poules pondeuses en cage en janvier 2023 contre plus de 15 millions un an plus tôt. Après une croissance continue jusqu’en 2020, le cheptel bio a légèrement reculé depuis. En plein-air, après une hausse sensible jusqu’en 2020, la croissance est très modérée entre 2022 et 2023. La production au sol à l’inverse continue de grignoter des parts de marché : elle profite des arrêts de production en cage.

Globalement l’évolution de la production sur un an (entre 2022 et 2023) est comparable à celle des achats des ménages, avec une hausse des poules pondeuses au sol et plein-air, une stabilité des Label Rouge et un recul des poules pondeuses bios. Il serait intéressant de confronter si les évolutions de la production au sein de la première région productrice sont conformes avec les évolutions constatées.

L’évolution de la consommation d’œuf fait figure d’exception en comparaison avec les autres protéines animales et, les acteurs de la filière sont optimistes. Pour 2023, l’Itavi et le CNPO tablent sur une consommation individuelle de nouveau en hausse (224 œufs selon l’Itavi et même un record de 229 œufs selon le CNPO, le précédent record de 224 œufs datait de 2018). De plus, selon une enquête du CSA pour le CNPO, 74 % des Français ne sont pas prêts à abandonner leurs œufs pour des substituts végétaux. De bonnes perspectives pour une région comme la Bretagne qui produit 36 % des œufs français.

Rédigé par Nathalie Le Drezen

Chargée de mission Economie - Emploi, référente sur les filières légumes frais, légumes transformés et œufs de consommation

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