2030 : baisse des emplois en agriculture et poursuite des tensions sur les recrutements
France Stratégie et la Dares ont publié en mars dernier un rapport sur les Métiers en 2030. Ce travail prospectif fait suite à des travaux similaires déjà réalisés par le passé. L’objectif est d’estimer, pour chaque métier, les besoins en recrutements, c’est-à-dire les créations nettes d’emploi et les besoins pour remplacer les départs en fin de carrière. Le rapport s’intéresse également aux déséquilibres entre offre et demande d’emploi et donc aux risques de pénurie de main d’œuvre. Le travail se base sur des scénarios macroéconomiques prospectifs fondés sur un modèle sectoriel et des hypothèses structurelles, notamment un scénario de référence (ou scénario tendanciel), un scénario « bas carbone » et un scénario « Covid+ ».
Globalement, tous secteurs confondus, les besoins en recrutements sur la période 2019-2030 seraient de 8 350 000 selon le scénario de référence, dont 950 000 correspondant à des créations nettes d’emploi et 7 400 000 à des remplacements de départs en fin de carrière. L’emploi serait ainsi en augmentation de près de 4 % sur la période.
Dans le secteur agricole, le repli de l’emploi se poursuivrait, mais à un rythme ralenti. Les agriculteurs (pour agriculteurs, éleveurs et sylviculteurs) continueraient de perdre des emplois (-23 000 emplois entre 2019 et 2030). Quant aux maraîchers (pour maraîchers, jardiniers et viticulteurs), leur nombre augmenterait de 1 000.
Ces données issues du scénario de référence s’appuient sur des tendances de concentration des exploitations, de diminution de l’élevage plus intensif en main d’œuvre au profit des grandes cultures mécanisées, de gains de productivité poussés par l’innovation et la pression concurrentielle qui augmente, et d’une demande alimentaire, nationale et mondiale, accrue en qualité et en quantité.
Évolution de l’emploi, des départs en fin de carrière, des besoins de recrutements et des jeunes débutants par famille professionnelle (FAP) sur la période 2019-2030 – scénario de référence (en milliers)
La démographie agricole fait que les départs liés aux fins de carrière vont être importants chez les agriculteurs. Ainsi, 40 % d’entre eux vont quitter le métier, comparé à leur nombre en 2019. Cette proportion est moindre chez les maraîchers (27 %) et se rapproche de la moyenne tous secteurs (28 %).
La persistance de craintes sanitaires avantagerait l’emploi agricole dans le scénario « Covid+ », les inquiétudes sur la traçabilité des produits se renforçant. L’atteinte des objectifs climatiques dans le scénario « bas carbone » favoriserait également l’emploi agricole. Les professions préservées seraient surtout celles des agriculteurs et sylviculteurs, grâce au développement de modes de production agroécologiques et biologiques, plus intensifs en main d’œuvre, et à l’entretien de la forêt et de la biomasse.
Un déséquilibre potentiel entre offre et demande d’emploi
Face aux besoins de recrutement en agriculture et maraîchage, le vivier de jeunes débutants entrant sur le marché du travail n’est que de 148 000. Le déséquilibre potentiel entre l’offre et la demande de travail est donc de 98 000 entre 2019 et 2030, soit un déséquilibre de près de 9 000 chaque année. Ce déséquilibre est qualifié de potentiel car il pourrait être comblé par les flux en provenance des mobilités entre métiers, du chômage et de l’inactivité, ainsi que par le solde migratoire.
Faute de vivier de main d’œuvre pour pourvoir les postes, des mécanismes doivent être actionnés pour remédier aux tensions sur le recrutement. Ces mécanismes ne sont pas de même nature selon les professions. Pour les métiers à faible attractivité, peut se poser la question de leurs conditions de travail (pénibilité, non-durabilité de l’emploi), et de leur rémunération. Pour les indépendants, comme les chefs d’exploitation agricole, les conditions de reprise de leur entreprise sont aussi en jeu.
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