Consommation : une rentrée pleine d’incertitudes

Après quelques mois de respiration, le moral des Français retombe brutalement. Le manque de visibilité politique et économique inquiète les patrons des grandes enseignes de distribution qui craignent un ralentissement de la consommation après une timide reprise ces derniers mois. Le dernier sondage Appinio pour LSA, réalisé fin août 2025 auprès de 1 000 personnes représentatives, révèle effectivement un regain de pessimisme des consommateurs.

Climat politique inquiétant et économie en berne

D’après Nielsen IQ, les ventes de produits de grande consommation et frais libre-service ont progressé de 2,1 % en volumes sur les six premiers mois de l’année en France, ce à quoi il faut ajouter les belles performances des ventes pendant l’été. Cependant, notre pays est en dernière place en Europe en matière de croissance du chiffre d’affaires généré par les PGC.

La faute à la crise politique, doublée d’une incertitude économique ? Oui d’après les patrons des grandes enseignes de distribution, qui ont tous constaté un ralentissement des achats depuis mi-août .

S’il fallait confirmer ce sentiment d’imbrication entre consommation en berne et morosité ambiante liée à l’incertitude politico-économique, le sondage commandé par LSA à Appinio révèle en avant-première l’état d’esprit actuel des Français. De quoi nous pousser à anticiper un avenir proche inquiétant en matière de consommation

D’après ce sondage, 45,5 % des Français considèrent qu’un nouveau gouvernement serait en incapacité de répondre à leurs préoccupations en matière de pouvoir d’achat ou de services publics, tandis que 68,3 % sont très préoccupés par leur situation financière.

Plus de 62 % des sondés anticipent une hausse des prix des produits de grande consommation, soit près de 12 points de plus qu’un an plus tôt. Résultat : la prudence s’installe.

L’alimentaire au cœur des préoccupations

L’étude révèle que près des trois quarts des Français (73,7 %) ont différé des achats importants en 2025 (vacances, achat de véhicule, de produits électroménager ou électroniques). Il demeure néanmoins un poste de dépenses difficilement compressible et qui cristallise les tensions au sein des foyers : l’alimentation. 96 % des interrogés affirment que le domaine ayant le plus augmenté dans leur vie quotidienne est l’alimentaire (voir graphique ci-après). C’est le poste de dépenses auquel ils seront le plus attentif sur le 4ème semestre 2025, devant le prix de l’énergie, le climat politique en France et les conflits internationaux. 

Extraits du sondage Appinio pour LSA auprès de 1 000 Français représentatifs de la population française réalisé entre le 30 août et le 4 septembre 2025. 

Le coût des produits alimentaire demeure donc sans surprise le premier critère regardé par les consommateurs depuis trois ans. Il ne cesse de gagner en importance, devant le goût et la qualité, ainsi que l’impact de l’alimentation sur la santé.

La qualité des produits sacrifiée

Le sondage révèle d’ailleurs que faire l’impasse sur la qualité des produits est la première méthode employée par les sondés pour réduire le coût de leur panier : 39 % d’entre eux déclarent y renoncer en priorité, soit 0,8 % de plus par rapport à l’année précédente, devant l’achat en direct chez les producteurs, la fréquentation accrue des magasins hard-discount (+3,4 % par rapport à 2024) ou l’achat de produits proches de la date de péremption (+2 % par rapport à 2024).

Extraits du sondage Appinio pour LSA auprès de 1 000 Français représentatifs de la population française réalisé entre le 30 août et le 4 septembre 2025. 

Seul l’avenir nous dira si ces perceptions se traduisent et influencent réellement les comportements. Dans tous les cas, le secteur de l’alimentation devra s’attendre à faire face encore de longs mois à un contexte incertain et mouvant, et à des consommateurs – déjà très divers dans leurs comportements – de plus en plus indécis.