Quel agroalimentaire demain en Bretagne ?
Acteurs historiques comme nouveaux entrepreneurs, l’agroalimentaire dans son ensemble a des ambitions en Bretagne. Les turbulences de l’actualité retardent les projets, mais ne les remettent pas en cause. Les projets sont là et la Bretagne continuera de compter par son agroalimentaire demain !
L’année 2023 commence dans l’incertitude et le doute pour les industries agroalimentaires. Entre autres défis à relever, celui de l’inflation du prix des matières premières et de l’envolée du coût de l’énergie amène une certaine prudence de la part des dirigeants d’entreprise. « Ce sera autant d’investissements qui ne pourront pas être faits » rapportait l’un d’entre eux lors des Rendez-vous Economie-Emploi organisés par la Chambre d’agriculture de Bretagne à la mi-novembre 2022. Le recensement annuel des chantiers d’usine réalisé par Process Alimentaire à l’échelle nationale confirme un ralentissement des investissements pour 2023.
L’agroalimentaire de demain répond aux tendances de consommation
Pour autant, même en temps de crise, certains acteurs de l’industrie agroalimentaire saisissent les opportunités, notamment celles issues de l’évolution des façons de consommer.
« Les Français cuisinent moins et achètent davantage de plats cuisinés tout prêts pour gagner du temps et se faciliter la vie. »
Lydia Rabine, Chargée des idées stratégiques de la division Worldpanel de Kantar Worldpanel.
Ainsi, pour répondre à ces nouvelles tendances alimentaires, les investissements à venir dans les secteurs des plats cuisinés et de la boulangerie-pâtisserie restent importants. Plus étonnant, alors que le végétal occupe la place parmi les innovations alimentaires, peu de projets vont voir le jour cette année en Bretagne. Cette tendance au végétal semble pourtant se décliner ailleurs en France. Des projets d’usines de produits végétaux, d’alternatives végétales à la viande et au poisson ou encore d’atelier analogue au foie gras verront ainsi le jour en 2023.
Et si c’était ça, l’agroalimentaire de demain ?
Aujourd’hui, l’agroalimentaire en Bretagne est simple à caractériser : il s’agit majoritairement de la transformation de produits animaux. Ainsi, l’industrie des viandes représente 40 % du chiffre d’affaires agroalimentaire breton en 2019. C’est 17 % pour l’industrie laitière d’après la publication ABC Les Chiffres des Chambres d’agriculture de Bretagne. La proximité des filières agricoles favorise cette implantation et ce dynamisme.
Mais qu’en sera-t-il demain ? Les acteurs historiques installés sur le territoire breton continuent d’avoir de fortes ambitions. Ils se projettent en Bretagne, tant pour le maillage agri-agro très dense que pour le savoir-faire des hommes et des femmes qui travaillent dans les champs et les usines. Mais la région attire aussi de nouveaux entrepreneurs sur des secteurs inexplorés jusqu’alors. Ainsi, des projets inédits devraient voir le jour en Bretagne dans les années à venir, comme par exemple :
- une usine de pasteurisation de noix de cajou ;
- une usine vegan de fabrication d’alternatives au poisson.
Que ce soit pour relocaliser tout ou une partie du process de production et moins dépendre des autres pays, préserver la biodiversité ou réduire l’empreinte carbone, les arguments portés par ces démarches, qu’ils soient ou non démontrés, font sens dans la société actuelle. Cependant, le lien avec les filières agricoles bretonnes se distend.
Orienter l’agroalimentaire de demain
Depuis quelques années, l’agroalimentaire est redevenu un secteur stratégique. Le gouvernement soutient et oriente les aides en fonction de ses objectifs. Le plan France Relance tout d’abord a permis aux entreprises de bénéficier d’aides aux investissements pour répondre aux transitions. Le plan France 2030 a ensuite pris le relais pour rattraper le retard industriel français. Il a permis d’orienter les soutiens publics vers ce que le gouvernement considère comme une alimentation saine, durable et traçable.
En 2023, place à la réindustrialisation et la décarbonation. Un projet de loi sur l’industrie verte sera porté par le Ministre de l’Economie Bruno Lemaire. La Bretagne pourra être force de propositions dans ce projet de loi puisqu’un groupe de travail Carbone se réunit déjà au sein de l’ABEA depuis plusieurs années.