Du mouvement dans la filière des légumes conserves et surgelés

Le marché des légumes surgelés et en conserve est confronté au recul des achats des ménages avec pour conséquence une hausse des stocks en industrie. Dans ce contexte difficile, les industriels de la transformation des légumes, et principalement la coopérative Eureden, annoncent un certain nombre de mesures.

Un marché des légumes transformés morose

En 2024, 90 % des Français disent consommer des légumes surgelés ou en conserves soit une augmentation de 4 points par rapport à 2020. Pourtant, on observe un recul des ventes depuis une dizaine d’années. Le rebond lié aux confinements ne s’est pas inscrit dans la durée. En conserves de légumes le recul atteint 6 % sur trois ans. En surgelés, la baisse est de 8 % sur la même période, malgré une reprise de 2 % entre 2023 et 2024.

Des stocks conséquents en industrie

Avec ce recul de la demande, les industriels détiendraient des stocks importants, aussi bien en légumes surgelés qu’en conserves. Ces stocks coûtent chers, notamment en énergie pour le surgelé. Leur financement nécessite de la trésorerie. A cela s’ajoutent, en conserves, la hausse du prix du métal et la situation du maïs doux. La mauvaise campagne de 2022, a en effet entraîné de conséquentes importations européennes de maïs chinois (+600 % entre 2021 et 2023). Depuis, le maïs chinois maintient sa présence sur le marché européen et concurrence la production française. Les principaux groupes français présents en maïs doux sont Bonduelle et d’aucy.

Une restructuration annoncée pour d’aucy

Dans son bilan 2023-2024, le groupe Eureden précise que « la concentration des acteurs au niveau de la distribution en France et une consommation en berne ont pesé sur la dynamique commerciale de l’activité légumes en France. » La réorganisation annoncée de d’aucy, la branche Long Life des légumes et plats cuisinés appertisés, se ferait en deux temps. En 2025, 63 postes seraient supprimés dans les fonctions support (marketing, communication, RH…). Puis en 2026 et 2027, une rationalisation des ateliers d’étiquetage est prévue. 80 personnes des sites de Locminé, Le Faouët et Saint-Thurien seraient concernées, sur un total de 1 300 salariés actuellement.

Le groupe, qui affiche la volonté de maintenir ses capacités de production, a néanmoins prévu de réduire le nombre de produits proposés et de spécialiser ses sites industriels. Locminé et Le Faouët proposeront des légumes et Saint-Thurien des plats cuisinés.

Un rapprochement entre Gélagri Bretagne et Greenyard Frozen

Gélagri Bretagne, filiale du groupe coopératif Eureden, est entrée en négociation avec le groupe belge Greenyard Frozen France dans l’optique de renforcer leur partenariat actuel. Gélagri Bretagne est spécialisée dans la transformation et la surgélation de légumes. Le groupe dispose de deux sites de production en Bretagne (350 salariés). L’opération ne concerne pas les deux sites espagnols du groupe. De son côté, Greenyard, numéro 2 des légumes surgelés en Europe, possède un site en Bretagne à Moréac (380 salariés).


Le groupe belge Greenyard France serait majoritaire dans la future structure. Les deux groupes envisagent de mettre en commun leurs activités de production et de commercialisation de légumes surgelés. Cette opération permettrait ainsi à Gélagri de consolider son outil industriel et d’avoir accès à des distributeurs internationaux.
Il reste maintenant à attendre l’avis de l’Autorité de la concurrence. Si elle donne son accord, cette alliance qui verra le jour d’ici fin 2025 renforcera encore la concentration de cette filière.

Une filière bretonne des légumes conserves et surgelée déjà concentrée

La filière bretonne comporte un nombre réduit d’acteurs. Elle compte seulement deux organisations de producteurs (Eureden et Terres de l’Ouest) et quatre principaux groupes industriels : Eureden, deux groupes belges, Ardo et Greenyard, ainsi que Kerlys (groupe Agromousquetaires). Le groupe Bonduelle n’est pas présent dans la filière légume bretonne : son seul site breton est dédié au traiteur. Les deux groupes belges possèdent trois sites en légumes surgelés en Bretagne. La coopérative Eureden est présente en surgélation et conserves. La création d’une structure commune entre Eureden et Greenyard renforcerait la concentration de la filière bretonne des légumes conserves et surgelés, peut-être au détriment des producteurs puisque cette opération pourrait affaiblir le poids de la coopération dans le maillon aval.

Pour la campagne 2025, les surfaces françaises en légumes pour la transformation sont annoncées en recul de près de 15 % par rapport aux surfaces semées en 2024. Cela concerne toutes les régions françaises ainsi que les trois principaux légumes (petits pois, haricots et flageolet). Certains légumes, comme l’épinard ou le salsifis tireraient leur épingle du jeu, avec plutôt une augmentation de leurs surfaces. En maïs doux, les surfaces françaises reculeraient de 15 %. A l’inverse, les surfaces en légumes bio repartiraient à la hausse, sans toutefois retrouver le niveau des années précédentes. Il reste à espérer, que cette campagne en cours soit exceptionnelle et que le chiffre d’affaires légumes des producteurs ne subisse pas les conséquences de cette baisse de surfaces, au risque de détourner les producteurs.