Temps difficiles pour les distributeurs bio spécialisés

Les distributeurs spécialisés n’échappent pas à la crise du bio. En Bretagne, comme dans le reste du pays, leur chiffre d’affaire chute, enrayant une dynamique de développement de plusieurs années. Faisons le point sur la situation et sur les raisons qui poussent les consommateurs à se détourner de ces commerces.

Qu’il s’agisse des magasins en réseaux (Biocoop, La Vie Claire…) ou autres indépendants, tous voient leur chiffre d’affaires chuter (-12 % sur douze mois entre octobre 2021 et octobre 2022 pour l’ensemble des magasins). Coup dur donc pour les spécialistes. Au niveau national, le nombre de fermetures est aujourd’hui supérieur au nombre d’ouvertures. A ce rythme, nous devrions avoir perdu 4 % du parc de magasins fin 2022 d’après les experts des rencontres Distribution et Consommation, organisées par Initiative Bio Bretagne (IBB) le 1er décembre dernier.

Un secteur en croissance constante jusqu’en 2022

La Bretagne n’est pas épargnée par le phénomène. Après une forte croissance au début des années 2000 du nombre de magasins et de leur chiffre d’affaires de vente, une première baisse s’est amorcée entre 2012 et 2016 (à cette occasion, des fermetures de magasins avaient déjà été constatées). La croissance a depuis été constante, notamment renforcée par l’ouverture de magasins vrac distribuant du bio, en nombre important. En les prenant en compte, c’est donc 193 points de vente de type « magasins spécialisés » qu’IBB a répertoriés en Bretagne en 2022.

Source : Résultats de l’enquête réalisée par IBB sur les magasins spécialisés bio, présentés lors des Rencontres Distribution & Consommation BIO, 1er décembre 2022, Pontivy

Parmi eux, 72,4 % sont affiliés à un réseau ou un groupement, 15,8 % sont indépendants et 11,7 % représentent des magasins vrac avec prédominance bio. La croissance du réseau Biocoop demeure offensive et représente aujourd’hui 65,3 % des magasins organisés en réseaux ou groupements en Bretagne. La Vie Claire a également gagné des magasins récemment, mais la majorité des autres réseaux ont tendance à en perdre.

Entre désintérêt et concurrence

Parmi les raisons évoquées pour expliquer les difficultés rencontrées en 2022 par les responsables de magasins, le « désintérêt actuel des consommateurs pour le bio » arrive en tête. La concurrence des autres labels vient ensuite, suivie de la concurrence des autres distributeurs. Enfin, l’écart de prix entre le bio et le conventionnel n’arrive qu’en 4ème position.

Sur la question des distributeurs concurrents, IBB est même allé plus loin en les caractérisant. Il apparait que la classe des discounters (EDMP : Enseigne à Dominante Marques Propres) est bien présente. Aux dires des responsables de magasins spécialisés, ces enseignes constituent aujourd’hui une menace supplémentaire du fait des prix bas pratiqués, et de leur attraction en temps d’inflation. NielsenIQ confirmait d’ailleurs par ses chiffres qu’au premier trimestre 2022, les discounter étaient les seuls pour lesquels les ventes bios avaient augmenté de 0,2 % sur douze mois (alors qu’elles étaient en recul dans tous les autres circuits).

Source : Résultats de l’enquête réalisée par IBB sur les magasins spécialisés bio, présentés lors des Rencontres Distribution & Consommation BIO, 1er décembre 2022, Pontivy

Malgré le pessimisme ambiant, les magasins spécialisés réagissent : actions commerciales, renforcement du positionnement militant, ouvertures de nouvelles activités… Mais selon IBB, cela ne suffira pas en l’absence de réponses collectives destinées à défendre les fondamentaux de la bio. Ce à quoi le Ministère de l’agriculture, les Chambres d’agriculture et les instituts techniques et de recherche s’emploient en parallèle (voir notre article : Toute la bio mobilisée pour contrer la crise).

Rédigé par Maélie Tredan

Chargée de mission Economie - Emploi, référente distribution, consommation et signes officiels de qualité

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