Nouvel indicateur beurre-poudre pour le Cniel
Après presque un an d’absence, l’indicateur beurre-poudre fait son retour. A l’origine de sa disparition, un désaccord entre acteurs de la filière sur la méthode d’évaluation des coûts de transformation. Plusieurs mois de débats ont permis d’aboutir à ce nouvel indicateur.
Le résultat d’une longue concertation
Tandis que s’achèvent les négociations entre industriels et distributeurs, les interprofessions laitières ont validé le nouvel indicateur beurre-poudre après plusieurs mois de débats. Cet indicateur est formé à partir des valeurs des cours du beurre et de la poudre de lait écrémé, auxquels on soustrait les coûts de transformation. Ainsi, cet indicateur est une estimation de la valorisation beurre-poudre de la production, et sert de référence dans le calcul du prix payé aux producteurs dans le cadre des contrats entre transformateurs tet producteurs. Or, il n’avait plus été actualisé depuis avril 2022. A l’époque, l’indicateur n’avait pas évolué depuis sa création en 2012. En particulier, les coûts de transformation, établis alors à 71,77 €/1 000 litres, n’avaient pas été réévalués.
Dans un contexte de mise en application d’Egalim 2 et de début de guerre en Ukraine, les transformateurs, représentés par l’Atla, avaient alors commandé une étude réalisée par un cabinet extérieur, qui avait estimé les coûts de transformation à hauteur de 119,49 €/1 000 litres. Plusieurs laiteries avaient entrepris de mettre en application cette réévaluation, avant même sa validation au sein du Cniel. Or, la FNPL avait rejeté les résultats de cette étude, pointant plusieurs faiblesses méthodologiques, ce qui a conduit à la construction concertée de ce nouvel indicateur.
Une forte diminution de l’indicateur
L’évolution majeure du calcul de ce nouvel indicateur concerne donc les coûts de transformation, qui passent à 139,8 €/1 000 litres, soit presque le double de leur précédente valeur. Ces coûts de transformation seront désormais recalculés chaque année, sur la base d’une enquête réalisée auprès des industriels.
L’indicateur beurre-poudre a ainsi diminué, passant de 513,65 €/1 000 litres en mars 2022, à 365,17 €/1 000 litres en février 2023. Toutefois, le recul de l’indicateur n’est pas seulement dû à la hausse des coûts de transformation. En effet, il fait aussi les frais de la forte diminution des cours des commodités laitières depuis le printemps dernier : -30 % pour la poudre de lait écrémé entre mars 2022 et mars 2023 et -19 % pour le beurre sur la même période (voir figure ci-dessous). De son côté, la FNPL continue de calculer l’indicateur-beurre poudre sur la base de son ancienne formule. Sa valeur serait de 384,87 €/1 000 litres en février 2023.
Malgré tout, un prix payé aux producteurs toujours en hausse
Malgré cette forte diminution de l’indicateur beurre-poudre sur un an, les prix payés aux producteurs sont, eux, toujours en hausse en France. Ainsi, en janvier, le prix moyen payé aux producteurs passe au-dessus de la barre des 500 €/1 000 litres en Bretagne, soit une hausse annuelle de près de 24 %. Cependant, la situation sur les marchés mondiaux commence à se faire sentir sur les prix : selon les laiteries en Bretagne, en février et mars, les prix 38/32 sont au mieux stables, au pire en diminution de 5 à 10 €/mois. La chute du prix pourrait être plus sévère au printemps. A noter que, chez certains de nos voisins européens, le recul du prix a été bien plus important dès cet hiver. De décembre 2022 à février 2023, le prix diminue de 5 % en Allemagne, de 10 % aux Pays-Bas, et de plus de 20 % en Pologne.