Crise de surproduction en lait bio : une situation durable ?

La filière laitière bio connaît, depuis 2021, une crise de surproduction due à de multiples facteurs. D’un côté une consommation des ménages en berne, de l’autre côté une collecte portée par un printemps particulièrement favorable et une vague de conversions en bio qui a commencé à partir de 2016. Par conséquent, plusieurs laiteries ont arrêté les conversions en dehors de celles déjà engagées, et déclassent une part du lait.

Une crise qui se poursuivra au moins au 1er semestre 2022

L’Idele estime que 30 % de la collecte bio a été déclassée en 2021, contre 20 % en 2020. Par ailleurs, le prix de base connaît une forte diminution depuis août, par exemple de 16,5 €/1 000 litres en octobre, soit une baisse de 3 % par rapport à 2020.


Pour 2022, le CNIEL estime qu’au niveau national, la collecte de lait bio devrait croître encore de 110 millions de litre, soit une croissance annuelle de 8,8 %. Si la consommation ne repart pas à la hausse, nous pouvons prévoir que la tension sur le marché laitier bio perdure encore l’an prochain.

Et après 2022 ?


Si l’attrait des ménages pour le bio est difficile à prévoir sur le long terme, qu’en est-il côté production ? Le problème de renouvellement des générations concerne autant le bio que le conventionnel. D’après la MSA, en 2018, 48 % des exploitants bretons en lait bio ont 52 ans ou plus. Ainsi, il est estimé que 30 % des exploitations en bio cesseront leur activité dans les cinq ans à venir, soit environ 50 exploitations par an contre une trentaine actuellement. Entre 2019 et 2020, on enregistre 5 % de baisse des conversions au niveau national, et l’arrêt temporaire de nouvelles conversions par plusieurs laiteries devrait accélérer cette tendance. Alors qu’il y a actuellement environ 100 nouvelles exploitations laitières bio par an dans la région, ce nombre devrait donc diminuer et se rapprocher du nombre des départs annuels.


Toutefois, un rapprochement vers un équilibre départs-installations n’implique pas nécessairement une stabilisation de la production. En effet, les nouvelles exploitations en bio ont tendance à être plus grandes. La taille du cheptel moyen en lait bio dans le Grand Ouest a augmenté de 10 % entre 2016 et 2019. Pour qu’on puisse retrouver un équilibre offre-demande, il faudra donc compter sur une reprise de la consommation. En particulier, la loi Egalim prévoyant 20 % de produits bio en Restauration collective publique à partir de 2022 peut être un levier non négligeable. En 2019, cette part était évaluée à 4,5 % au niveau national.

Rédigé par Olivier Carvin

Chargé de mission Economie - Emploi, référent sur la filière laitière Docteur en économie de l'agroenvironnement. Breton d'adoption. Je mets mes compétences en analyse économique au service de la filière laitière bretonne. Je suis aussi le M. Diffusion de l'équipe.

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