La viande fait toujours recette
Alors qu’elle durait depuis près de trois ans, la hausse des prix à la consommation commence à ralentir. Cette inflation a particulièrement touché les produits alimentaires et aurait pu fortement pénaliser les produits les plus chers tels que les viandes. Si les Français ont effectivement réduit leurs achats de bœuf, la consommation de viande porcine a bien résisté et celle de volaille grimpe nettement depuis un an.
La période inflationniste qu’a connue la France semble sur le point de s’achever. D’après l’Insee, les prix à la consommation ont atteint leur plus haut en juillet 2024 et refluent très légèrement depuis. Ce cycle aura duré environ deux ans et demi. Il aura généré une hausse de l’ensemble des prix de 14 % entre début 2021 et fin 2024. Est-ce que ce phénomène inédit depuis plus de trente ans a eu des conséquences sur la consommation de viandes des Français ? La viande étant un produit alimentaire plus cher que la moyenne, on peut faire l’hypothèse que les consommateurs ont été contraints d’en réduire leurs achats. Voyons ce qu’il en est.
Le bœuf au-delà des 17 €/kg
L’inflation alimentaire a été encore plus forte que l’inflation générale. L’Insee la mesure à 22 % entre janvier 2021 et octobre 2024. Les viandes ont connu une augmentation de même ampleur.
Sur la période janvier 2021 – octobre 2024, l’ensemble des viandes se sont enchéries de 20,7 %. Porc, volaille et bœuf ont connu quasiment les mêmes hausses. Ce qui représente entre 0,9 et 2,3 €/kg selon les viandes d’après Kantar WorldPanel.
Le prix moyen de la volaille fraîche atteint les 10 €/kg, celui du jambon dépasse 15 €/kg et la viande hachée fraîche s’établit à 14 €/kg. Rappelons que les viandes représentent le premier poste du budget alimentaire des Français (23 % en moyenne sur 2020-2022).
Le bœuf tire la langue, la volaille décolle
L’analyse des chiffres de la consommation, calculée par bilan, est instructive. Sans surprise, les Français ont acheté moins de viande bovine.
Le graphique ci-dessus montre un déclin à partir de début 2023. Avant cela, la consommation était restée relativement stable. La forte hausse des prix décrite plus haut est probablement la principale cause de cette baisse. On peut cependant noter que celle-ci demeure mesurée puisqu’elle est de l’ordre de 4,5 % entre 2021 et aujourd’hui. En ce qui concerne la viande porcine, le constat est plus contrasté.
Le graphique ci-dessus montre que la consommation française calculée par bilan a bien reculé à partir du milieu de 2022. Celle-ci avait cependant grimpé juste avant. Au final, la consommation actuelle est très légèrement inférieure, de l’ordre d’1 %, à celle de début 2021, avant la poussée inflationniste. Cette viande a donc bien résisté, sans doute aidée par un prix qui reste malgré tout abordable. Finissons ce tour d’horizon par la volaille qui a défié toutes les prévisions.
Depuis début 2023 et plus encore en 2024, le dynamisme de la consommation de volaille ne se dément pas. Entre début 2021 et fin 2024, la croissance s’élève à plus de 11 %. Comme pour le porc, son caractère abordable explique probablement cette performance.
Une végétalisation des assiettes fantasmée
Au final, la parenthèse inflationniste de ces trois dernières années n’a donc eu que peu d’incidence sur la consommation globale de viande en France. Elle a par contre accéléré une tendance déjà à l’œuvre depuis longtemps : la croissance de la viande de volailles aux dépens de la viande bovine.
Toutes viandes confondues, la consommation individuelle française est de 83,3 kgec en 2023. Elle était de 82,9 kgec en 2013. Ces données montrent donc que l’assiette des Français ne se végétalise pas, contrairement à des discours souvent entendus. L’achat de légumineuses augmente lentement, mais atteint seulement 5 kg par habitant et par an par ménage. Ce n’est pas encore demain que la tranche de jambon disparaîtra de l’assiette des Français !