

Jusqu’où montera le prix des bovins ?
Alors que les cotations des bovins sont élevées depuis 2022, l’année 2025 a commencé avec une nouvelle envolée des prix. Le contexte sanitaire explique en partie cette évolution. Il amplifie la relative pénurie d’animaux que le marché connaît depuis trois ans. La hausse des prix conduira nécessairement à la réduction des achats de viande bovine chez certains consommateurs.
Semaines après semaines, les cotations de bovins battent record sur record. Tous les types de bovins sont concernés, des veaux de boucherie aux jeunes bovins en passant par les vaches. Les animaux vivants types broutards et veaux nourrissons suivent le même mouvement, témoignant de l’ampleur du phénomène. Le graphique ci-dessous montre que les cours actuels sont très au-dessus de ceux de la période précédant 2020.

Entre 2015 et 2020, le prix de la vache laitière de réforme P= oscillait entre 2,50 € et 3,18 €/kg de carcasse pour une moyenne de 2,78 €/kg sur ces six années. La cotation actuelle est donc plus de deux fois plus élevée. Concernant la cotation de la vache de réforme de race à viande R+, elle était en moyenne de 4,00 €/kg de carcasse entre 2015 et 2020. Son niveau actuel est donc supérieur de 63 %.
Le marché des bovins a commencé son ascension en 2021 et a connu une nette accélération en 2022. C’est à cette période que la décapitalisation des cheptels commençait à se matérialiser au niveau des abattages. Alors que les cours des vaches laitières ont reflué légèrement, ceux des vaches allaitantes ont poursuivi une ascension progressive en 2023 et 2024.
Nouvelle envolée des prix depuis le début de l’année
Depuis le début de l’année 2025, on constate une nouvelle envolée des prix. La cause est là encore à rechercher du côté de l’offre. Les abattages français baissent en effet de 3 % sur les quatre premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2024. La Bretagne suit la même tendance avec un recul de 1,6 % du nombre de gros bovins produits.
La contraction de ces volumes semble être en grande partie due au contexte sanitaire (MHE, FCO3 et FCO8) qui a particulièrement touché les troupeaux à l’automne 2024. Alors que les bons prix auraient pu inciter les éleveurs à produire, ces épidémies redonnent un coup de frein à la production. Plusieurs pays européens sont touchés, à l’image des Pays-Bas qui sont le premier exportateur de viande bovine vers la France. Ses expéditions vers notre pays chutent de 14 % sur les trois premiers mois de 2025 par rapport à la même période de 2024. L’ensemble du continent connaît donc ces conditions de marchés exceptionnelles.

L’inconnue de la consommation
La poursuite de la contraction des volumes semble actée. Le nombre de vaches continue de baisser, celui des naissances aussi et les épidémies sont toujours bien présentes. La situation étant semblable en Europe, l’hypothèse de voir les importations faire pression sur le marché est peu probable. La hausse des cours ne pourra donc que mener à un ajustement de la consommation. Celle-ci a bien résisté malgré une inflation du prix de la viande bovine de près de 30 % en cinq ans. Mais la relative pénurie actuelle fait que les prix continueront de grimper jusqu’à ce qu’une partie des consommateurs soit contrainte de limiter ses achats. Jusqu’à récemment, le marché français n’a jamais manqué de bovins. Mais il semble que nous soyons résolument entrés dans une ère de rareté et donc de cherté.