Bio dans les cantines : le potentiel important d’EGAlim

Deux ans après leur activation, les dispositions de la loi EGAlim sont encore loin d’être respectées par la restauration collective. Les obligations réglementaires qui l’accompagnent sont pourtant des opportunités pour stimuler le marché du bio.

50 millions d’euros en Bretagne. C’est ce qu’il peut être espéré comme potentiel d’achat supplémentaire de produits issus de l’agriculture bio si la restauration collective respectait les dispositions d’EGAlim, selon Initiative Bio Bretagne (IBB). Les achats totaux en produits bio de la restauration collective bretonne atteindraient alors plus de 70 millions d’euros.

À l’échelle française, le respect d’EGAlim représenterait près d’un milliard d’euros supplémentaires en achat de produits bio (en passant de 484 millions d’euros en 2023 à 1 560 millions d’euros, voir ci-dessous).
Ce gain obtenu grâce à la restauration collective augmenterait de 8 % les ventes de produits alimentaires bio en France par rapport à leur niveau de 2023. Le pic du marché bio de 2020 serait alors aisément dépassé.
Certes, tout ce gain ne reviendrait pas dans la poche des producteurs français. Mais grâce à un taux d’autosuffisance global en produits bio de 71 %, le respect des dispositions d’EGAlim signifierait +760 millions d’euros pour le marché des produits biologiques français.

Des chiffres encore loin des 20 % de bio

La marge de progression dans la restauration collective est importante. Le potentiel d’achat de produits bio évoqué ci-dessus se base sur les résultats d’une enquête commanditée par l’Agence Bio. En 2023, les produits bio représentaient près de 6 % des 8 milliards d’euros d’achats de denrées alimentaires de la restauration collective française.
De son côté, le Ministère de l’agriculture annonce 13 % à partir des remontées sur la plateforme gouvernementale Ma Cantine. Mais seules 14 % des structures concernées ont réalisé la démarche, ce qui met le doute sur ce chiffre.
Quoi qu’il en soit, l’écart à l’objectif des 20 % est considérable.

En l’absence de sanction, les freins et motivations en question

Pour les opérateurs de la restauration collective, l’obligation d’atteindre l’objectif de 20 % est clairement la première source de motivation au développement de l’offre bio d’une autre étude de l’Agence Bio. Par ailleurs, « La volonté politique des élu(e)s est également un facteur-clé dans le développement du bio dans la restauration collective. La motivation du chef de cuisine n’est pas un facteur crucial, contrairement à la restauration commerciale ».
Du côté des freins citons « le prix, la disponibilité/logistique, une concurrence du local et des autres labels « agroécologiques », le manque de communication ».
L’enjeu de la connaissance de la bio est au centre des recommandations formulées par le rapport de l’Agence Bio :

  • travail sur la lisibilité de l’offre
  • formation et motivation des (futurs) chefs
  • communication vers le consommateur
  • vulgarisation de la réglementation EGAlim (encore largement méconnue par les acteurs de la restauration).


Les témoignages de acteurs engagés dans le respect des dispositions EGAlim le prouve :

Afin de poursuivre l’objectif de 20 %, quelle stratégie avez-vous utilisée ?

« La stratégie mise en place a été de se faire accompagner pour mieux connaitre les filières, les producteurs, ainsi que les produits les plus faciles à introduire en Bio. »

Marielle Deport, Maire déléguée de Châteaugiron en charge du Développement Durable et l’Agriculture, dans un retour d’expérience pour IBB

Zoom sur les obligations de la restauration collective pour l’alimentation de qualité


Les lois EGAlim et Climat et résilience ont instauré au moins 50 % de produits durables et de qualité, dont au moins 20 % de produits biologiques, dans les repas servis en restauration collective publique au 1er janvier 2022. Depuis le 1er janvier 2024, la restauration collective privée est également concernée par ces dispositions et une nouvelle obligation d’au moins 60 % de produits durables et de qualité pour les familles viandes et poissons est entrée en vigueur.
C’est la valeur en euros H.T. des achats de produits alimentaires par année civile qui sert de base de calcul de la proportion de produits rentrant dans les dispositions. Pour le ratio de produits biologiques, les produits végétaux bruts ou transformés composés d’un seul ingrédient d’origine végétale et issus d’une exploitation en conversion depuis plus d’un an entrent également dans le décompte.