26,8 M€ d’aides pour les abattoirs bretons

L’abattoir est un maillon incontournable dans la chaîne alimentaire, entre les éleveurs et les consommateurs. Pourtant, la santé économique de ces outils est affaiblie. Cela pourrait mettre en danger les filières viandes de la région. Des aides issues du plan France Relance devraient donner de l’allant à ces entreprises qui restent volontaristes face à l’avenir.

Avec la disparition de Gad en 2013 ou d’AIM Antrain et de Quintin Viandes en 2024, la Bretagne perd des outils d’abattage depuis de nombreuses années. Plus globalement, le secteur se concentre à la faveur de grands groupes industriels qui rationalisent leurs parcs industriels.

Le maillon abattoir bien représenté en Bretagne

Première région agroalimentaire française, la Bretagne tire parti d’un maillage dense en unités de transformation au plus près des zones de production. Ainsi, il existe plus de soixante outils d’abattages et de transformation répartis sur tout le territoire pour les filières porcs, bovins et volailles. Les sites répertoriés sur la carte sont ceux employant plus de 20 salariés. Il ne faut pas oublier d’y ajouter les abattoirs de proximité qui sont des outils indispensables pour garantir des débouchés à tous les éleveurs et soutenir la vitalité des économies locales.

En 2020, l’étude de la Chambre d’agriculture sur  les emplois directs dans les filières agricoles et agroalimentaires bretonnes évaluait un total de près de 30 000 emplois dans ces industries à l’aval des filières.

Les difficultés des entreprises de l’abattage-découpe en Bretagne

La Commission économique de l’Assemblée nationale a lancé la mission d’information sur les problématiques économiques de l’abattage dans le contexte d’une diminution structurelle des cheptels porcins et bovins. Cette décapitalisation des cheptels se vérifie aussi en Bretagne :

Évolution en Bretagne entre 2014 et 2023
Cheptel porcin-17 %
Cheptel bovin (allaitant et laitier)-11 %
Source : Mission d’information sur les problématiques économiques de l’abattage dans le contexte de réduction des cheptels, Commission économique de l’Assemblée nationale

Cette évolution engendre des conséquences redoutables pour les industries. Les abattoirs se retrouvent en surcapacité d’abattage et sont contraints d’adopter la semaine de quatre jours. Pourtant, les entreprises ont besoin de volumes pour écraser les coûts de fonctionnement et les investissements. Ces évolutions menacent la rentabilité et le maintien de l’équilibre économique des entreprises.

Des pistes de solutions pour les abattoirs bretons ?

Les recommandations de la mission d’information sont parues ce 28 mai 2025. Elles vont en premier lieu au soutien de la production agricole pour assurer un approvisionnement suffisant aux outils d’abattage. Ces recommandations vont dans le sens du projet de loi visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Après la motion de rejet adoptée par l’Assemblée Nationale, la commission mixte paritaire décidera de l’avenir de ce texte à partir du 30 juin.

Ensuite, toujours dans l’objectif de sécuriser et donner de la visibilité, la mission d’information insiste sur la contractualisation tripartite. Il est même proposé d’avoir une trame type de contrat répondant aux critères Egalim pour faciliter les démarches. Mais n’est-ce pas là un vœu pieux ? Promue depuis près de 10 ans par le législateur, la contractualisation bipartite entre le producteur et l’abatteur n’est toujours pas une réalité dans le secteur bovin.

Enfin, pour la mission d’information, la revalorisation des métiers en abattoir doit renforcer leur attractivité. Des partenariats et des parcours de formation spécifique peuvent être mis en place. La Bretagne regorge d’initiatives innovantes sur ce domaine. Espérons que ce rapport confortera les acteurs à poursuivre cette dynamique !

L’État accompagne les abattoirs bretons

Conscient des difficultés rencontrées par les entreprises, l’Etat avait intégré une mesure « modernisation des abattoirs » dans son plan France Relance. Il poursuivait alors trois objectifs :

  • améliorer le bien-être animal,
  • améliorer les conditions de travail des salariés,
  • préserver l’environnement.

La Draaf Bretagne vient de publier le bilan de cette mesure. 24 abattoirs bretons ont bénéficié de 26,8 millions d’euros dans le cadre du plan de relance.

Ces aides ont été attribuées autant à des grands groupes industriels qu’à des collectivités, coopératives ou éleveurs pour des projets de proximité. La complémentarité de ces différents abattoirs permet d’assurer un maillage efficace au profit de l’ensemble des filières viandes dans les territoires bretons.