L’IA va-t-elle remplacer les salariés ?
La rapidité du déploiement des outils et des usages se défie de tout cadre et interpelle. L’IA peut-elle être utilisée en élevage ? Va-t-elle remplacer les salariés ? Lors de la journée agri-agro organisée par la Chambre d’agriculture de Bretagne, des experts ont partagé leurs connaissances et présenté divers cas d’utilisation. Leurs apports seront développés dans une série de trois articles.
« Peut-on utiliser l’IA tout en gardant les emplois ? ». « Va-t-on remplacer deux postes par un seul ? ». Ne doit-on pas craindre que « ces outils ne fassent diminuer le QI moyen de l’humanité et le niveau de libre-arbitre ? ». L’inquiétude domine dans l’assemblée réunie pour la journée des salariés agri-agro.
Améliorer les conditions de travail
Pour Laura Nojac, élue à la Chambre d’agriculture de Bretagne et salariée agricole dans une maternité collective porcine, c’est à l’inverse l’enthousiasme qui domine face au potentiel d’amélioration des conditions de travail dans l’élevage. Les cas d’usage, elle en identifie des dizaines ! « Quand on reste dans la case, les porcelets s’amassent dans un coin. Impossible de repérer les boiteux, sauf à rester longtemps immobile, mais on n’a pas le temps ». Alors que « les caméras qui fonctionnent 24 h/24 h verront avec l’IA des choses qu’on ne verra pas ». Demain, ce seront aussi des « micros qui entendent tout », « des systèmes d’alimentation connectés », ou encore des capteurs enrichis par l’IA qui pourront « détecter le niveau de remplissage du silo » et éviter aux humains d’avoir à grimper à l’échelle !
Ce qui paraît aujourd’hui encore lointain pourrait demain devenir banal. Laura Nojac en est certaine et prend l’exemple de l’automatisation de l’alimentation, hier encore innovation disruptive. Aujourd’hui « je ne connais pas beaucoup d’élevages qui nourrissent encore au seau et à la brouette ». Ces solutions pourraient concourir à valoriser l’image de l’élevage et y « amener des jeunes générations friandes de ces technologies ».
Match humain/IA : l’IA gagnante ?
Au débat sur la concurrence humain/IA, Laura Nojac oppose une tranquille conviction : les solutions basées sur l’IA « ne décideront à notre place ». Elles permettront « de nous épauler, pas de nous remplacer ». Les métiers qui nécessitent le geste sont effectivement difficilement substituables. « Si pour l’humain c’est plus simple de marcher 10 mètres que de résoudre un problème mathématique, pour l’IA et la machine, c’est l’inverse ! » explique notamment Moetez Jaoued, ingénieur data à Polaria et grand témoin de la journée. Et les métiers de bureau alors, sont-ils menacés d’extinction ? L’expert rassure : ce ne sont pas 45 % des emplois administratifs qui seront supprimés, mais 45 % des tâches des employés qui seront transformées par l’IA.
Ces évolutions invitent à la responsabilisation des organisations et des usagers. Citant le philosophe Jacques Ellul, Moetez Jaoued le rappelle : « le développement de la technique n’est ni bon, ni mauvais, ni neutre ». Charge donc aux entreprises de définir leur stratégie face à l’IA et de se doter de chartes et de sécurité. Et charge aux utilisateurs d’en maîtriser les règles d’utilisation et d’exercer leur discernement face aux réponses proposées. Mais aussi de raisonner les utilisations de ces outils énergivores.
L’IA dans le monde du travail : c’est le sujet qui a réuni les représentants du personnel des filières agricoles et agroalimentaires tout début novembre, à l’occasion de la journée des salariés agri-agro organisée par la Chambre d’agriculture de Bretagne.
Vous retrouverez prochainement deux autres articles sur le sujet de l’utilisation de l’IA dans le mode agricole et para-agricole.