Déficit croissant pour le marché français de la tomate industrielle
Le marché français de la tomate d’industrie affiche un déficit marqué. Face à une demande dynamique la production repart à la hausse. Des industriels font état de projets de développement de la filière en France.
La Chine inonde le marché
En 2023, la production mondiale de tomates pour l’industrie affiche une progression de 16 % par rapport à 2020, en raison de la croissance observée en Chine, en Californie et en Iran. Cette tendance devrait se poursuivre en 2024, avec +3 % au niveau mondial (+31 % en Chine). Leader mondial, la Chine bénéficie du recul observé dans l’UE, en raison de l’augmentation des coûts énergétiques. En Californie, des vagues de chaleur et des problèmes sanitaires ont impacté la production. La croissance de la production chinoise de tomates pour l’industrie inquiète. En effet, seulement 20 % des volumes sont destinés à la consommation intérieure, alors que 14 % sont exportés sous forme transformée et 66 % sont vendus à l’export, en gros, sous forme de concentré. En novembre 2023 (en cumul annuel mobile) les exportations chinoises de concentré ont bondi de 45 %.
Seulement 10 % d’autosuffisance française
Selon Tomato Europ, l’Italie (3e producteur mondial) poursuit son développement en 2024 (+4 %) ainsi que l’Espagne (+12 %), le 5e producteur mondial. La France est le 5e producteur européen de tomates pour l’industrie, avec seulement 1,6 % de la production européenne, loin derrière l’Italie (50 %) l’Espagne (25 %), le Portugal et la Grèce. La production européenne progresse de 7 % en 2024/2023. Mais l’autosuffisance de l’UE recule à 111 % en 2023, contre 128 % en 2022, en raison d’une consommation très dynamique.
Sur le même pas de temps, l’essor de la production française est nette (+25 %) pour atteindre 160 000 tonnes en 2023. Mais cette croissance reste insuffisante. Le taux d’autosuffisance est tombé à moins de 10 % au début des années 2020, alors qu’il atteignait 35 % en 2000.
Des initiatives pour développer la production de la tomate industrielle en France
Face au déficit et au potentiel de croissance du marché, plusieurs entreprises prévoient des projets de développement en France. Parmi elles, la société française Cofigeo, qui souhaite renforcer l’origine France tout en sécurisant ses approvisionnements européens, principalement d’Espagne et du Portugal. Pour soutenir la production, Cofigeo propose depuis cette année aux producteurs du Sud-Est de la France des contrats de trois ans avec un engagement sur des volumes et des prix. Elle travaille l’équivalent de 55 000 tonnes de tomates chaque année pour ses marques Zapetti et Garbit. L’entreprise envisage de produire 10 000 tonnes de tomates françaises en 2025, contre 7 700 tonnes prévues en 2024.
De son côté Panzani a annoncé en début d’année vouloir accentuer son approvisionnement français. L’industriel qui a besoin de 100 000 t de tomates par an s’approvisionne surtout en Espagne et en Italie. Il veut s’engager dans le développement d’une filière tomate en France, à l’instar de ce qu’il a réalisé en blé dur. Panzani prévoit d’utiliser 6 000 tonnes de tomates fraîches françaises dès cette année.
Ne disposant pour l’instant pas d’outils de transformation en France, le groupe franco-marocain Azura se lance dans la transformation. En 2024, pour valoriser ses tomates cerises invendables, il commencera à produire des sauces sous la marque « Oh Chérie ». Ces tomates cerises, cultivées au Maroc, sont actuellement transformées en Italie. Azura envisage à terme de construire sa propre usine dans le sud de la France.
Du concentré dans l’industrie française !
D’après LSA, trois industriels se partagent 94 % des volumes. Deux sont des filiales de coopératives ayant repris chacune en 2019 des outils de transformation de tomates. Tout d’abord, Le Panier provençal de la coopérative CAPL qui transforme environ 80 000 tonnes de tomates pour une capacité de 100 000 tonnes. Ensuite Tomates d’Aquitaine de la coopérative Terres du Sud (Bergerac) qui a pour projet d’augmenter de près de 50 % sa capacité de transformation de tomates. Enfin, l’entreprise familiale Louis Martin, basée à Monteux (84) a accru sa capacité industrielle de 15 % dernières années.
Source : LSA d’après Circana CAM à P2 2024, tous circuits GSA
Alors que les besoins français sont passés de 800 000 tonnes à 1,1 million de tonnes en vingt ans, la production française de tomates destinées à la transformation a chuté sur la même période de 400 000 tonnes à 150 000 tonnes. De plus, selon Tomato news, la consommation française de tomates transformées devrait rester dynamique. La tomate transformée française a donc encore de belles opportunités. Quant à la Bretagne (25 % de la production de tomates en frais) elle n’est pas du tout positionnée sur la tomate pour l’industrie, avec à peine 1 % de la production française.