Un plan de souveraineté pour la filière fruits et légumes
Le ministère de l’Agriculture a élaboré un plan destiné à renforcer l’autonomie française en matière d’approvisionnement de fruits et légumes. Ce plan dit « de souveraineté » s’intègre dans le cadre du volet agricole du plan de résilience mis en place face aux conséquences de la guerre en Ukraine.
Une filière fruits et légumes déficitaire
La filière fruits et légumes française est largement déficitaire. Le taux d’auto-approvisionnement français des fruits et légumes, hors pommes de terre, agrumes et fruits exotiques (source : Interfel) s’est réduit de 73,6 % au début des années 2000 à 62,7 % en 2020 (65,6 % pour les fruits et 61,3 % pour les légumes). En prenant en compte les fruits exotiques, le taux d’auto-approvisionnement en fruits frais chute à 39,6 % en 2020.
En fruits et légumes transformés, ce taux est encore plus faible. L’approvisionnement en produits français est de 53 % pour les légumes de conserve et de 26 % pour les légumes surgelés. Le déficit commercial de la France a été multiplié par quatre depuis 2002 en raison d’une progression des importations de 135 % sur 20 ans, contre 70 % pour les exportations.
Ce déficit est lié, aussi au recul de la production de fruits et légumes (hors pommes de terre) qui a diminué de 16 % au niveau national et de 24 % pour la Bretagne entre 2010 et 2020.
Les axes stratégiques de discussion
Dans le cadre du plan de résilience, le Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire a validé avec les acteurs de la filière fruits et légumes le processus d’élaboration du plan de souveraineté pour la filière. Ce plan prévoit l’adoption de stratégies opérationnelles visant à renforcer la souveraineté nationale.
Les discussions entre les différents acteurs se feront selon quatre grands axes stratégiques :
- la « protection des cultures », avec l’anticipation des retraits de molécules et le déploiement de solutions alternatives ;
- la « compétitivité et les investissements » afin d’identifier les besoins de la filière en terme d’investissement ;
- la « recherche, expérimentation, formation et renouvellement des générations » ;
- la « dynamisation de la consommation de fruits et légumes » afin d’identifier des leviers et moyens de promotion de la consommation de fruits et légumes dans un système alimentaire durable.
Les contributions des interprofessions
Les différentes interprofessions (Interfel, Anifelt, Unilet, GIPT, CNIPT) ont salué le lancement de ce travail et fait part de leurs contributions. Quelques axes font consensus, comme la nécessité d’améliorer la compétitivité des filières françaises. Les acteurs estiment qu’il faut lutter contre les distorsions de concurrence en harmonisant les règlementations sur les produits phytosanitaires au sein de l’Union européenne, et rechercher des alternatives en protection de cultures durables et efficaces. Selon eux, ceci permettra aussi de recréer de la valeur pour tous les acteurs de la filière française.
La transition écologique est une autre priorité du plan. L’objectif affiché est de pérenniser une filière peu émettrice de GES et qui soit leader en termes de démarches environnementales. Concrètement, le plan prévoit que cela passera par la modernisation de l’appareil productif agricole et des investissements dans les usines en faveur d’outils plus performants, afin de réduire les émissions de GES à l’amont comme à l’aval.
Côté consommation, le plan de souveraineté met en avant la nécessité de développer l’accessibilité des fruits et légumes. Selon Interfel, l’objectif est d’atteindre en 2030, les 2/3 des Français qui respectent les recommandations de santé publique de consommation d’au moins 400 g de fruits et légumes par jour.
Les objectifs de ce plan de souveraineté sont ambitieux. Les groupes de travail viennent seulement de commencer leurs travaux et ceux-ci doivent aboutir début 2023 avec la validation du plan et la mise en œuvre des premières actions. Le ministère n’a cependant pas encore précisé le montant des moyens financiers qui y seront alloués.