Une production porcine bretonne résiliente dans un contexte européen mouvant

Une étude réalisée par la Chambre d’agriculture de Bretagne compare les évolutions de la production porcine bretonne à celles des autres pays européens. Il ressort que notre région connaît une stabilité plus forte que la plupart de ses voisins. Si certains ont connu de fortes croissances, une majorité d’entre eux ont perdu des volumes sur la dernière décennie.

La Chambre d’agriculture de Bretagne vient de sortir une étude comparant l’évolution de la filière porcine bretonne et française à celles des autres pays européens. Elle est téléchargeable ici.

Entre 2013 et 2021, la production bretonne est restée quasiment stable alors que le reste de la France a connu une légère croissance. En 2022 et 2023, la décroissance est cependant de mise pour l’ensemble du territoire.

Entre 2013 et 2023, la production régionale de porc recule donc de 6 %. L’Union européenne dans son ensemble connait une évolution similaire.

Des dynamiques opposées au sein de l’UE

L’union européenne a produit 20,6 millions de tonnes de porc en 2023.

Les deux dernières années ont contrebalancé les gains enregistrés entre 2013 et 2021. Au final, en 2023, les volumes sont inférieurs de 3 % à ceux de 2013.

Dans le détail, les évolutions ont été bien plus marquées pour la plupart des pays européens.

Au vu de ce graphique, la France ressort comme étant l’un des rares pays à avoir connu une relative stabilité de sa production. Les deux géants européens, l’Espagne et l’Allemagne, ont en revanche vécu des trajectoires opposées.

L’Espagne s’envole, l’Allemagne s’enfonce

Leader européen jusqu’en 2020, l’Allemagne s’est fait ravir cette place par l’Espagne. Les deux pays vivent des tendances inverses depuis dix ans.

L’Allemagne doit faire face à de nombreux vents contraires, avec entre autres une consommation très déclinante et l’arrivée de la Fièvre porcine africaine en 2021. De plus, le secteur a souhaité développer des cahiers des charges améliorant le bien-être animal mais des débouchés mal sécurisés ont conduit à un déploiement en dents de scie. L’incertitude générée a découragé nombre d’éleveurs.

A contrario, l’Espagne a appuyé son développement sur une organisation en pointe et des entreprises très dynamiques. Son modèle s’appuie sur l’intégration des éleveurs tout en permettant à ceux-ci de changer facilement d’entreprises. Cela a créé une émulation et une saine concurrence. Malgré tout, on constate depuis deux ans que la péninsule ibérique commence à être confrontée à des limites.

Parmi les autres pays européens ayant une production porcine substantielle, les trajectoires sont très variables.

Là encore, la stabilité des abattages français ressort nettement. Dans le camp des pays en croissance ces onze dernières années, on retrouve les Pays-Bas et la Pologne. L’Italie et le Danemark sont eux sur le déclin. L’étude fait ressortir que contrairement à d’autres pays, la France et plus spécifiquement la Bretagne est quasiment à l’équilibre vis-à-vis de son commerce extérieur, auto-suffisante sur le secteur naissage et relativement autonome pour l’aliment. Autant d’atouts qui expliquent la résilience de notre région.

Rédigé par Arnaud Haye

Chargé de mission Economie - Emploi, référent sur les filières viande bovine, porc et volailles de chair

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