Des effets de la FCO très variables selon les élevages

La plateforme Epidémiosurveillance en santé animale (ESA) a réalisé une enquête auprès d’un échantillon d’élevages français touchés par la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO). Il ressort que les élevages sont affectés de façon très variable et que le sérotype 3 semble plus virulent que le 8. Si la mortalité est faible, le nombre d’avortements n’est pas négligeable.

La FCO touche quasiment tout la France

La France fait actuellement face à une épidémie de Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) qui touche les ovins et les bovins. Deux sérotypes sont particulièrement virulents : le numéro 8 qui circule en France depuis 2023, date de son apparition dans le sud du Massif Central. Et le sérotype 3 qui a émergé aux Pays-Bas en septembre 2023 et a atteint la France en juillet 2024. Depuis l’année dernière, la FCO se propage dans notre pays depuis le sud-ouest vers le nord pour la FCO-8 et depuis le nord-est vers l’ouest pour la FCO-3. Depuis lors, tous les départements français ont recensé des cas d’au moins un des sérotypes de FCO à l’exception de l’Ille-et-Vilaine et des Côtes d’Armor.

Afin d’évaluer les conséquences de cette maladie pour les élevages, la plateforme Epidémiosurveillance en santé animale (ESA) a lancé une enquête auprès de 314 élevages bovins ou ovins ayant été touchés par la FCO-3 ou la FCO-8 (document téléchargeable ici). Les entretiens ont été menés entre octobre et novembre 2024 par les réseau des GDS via des appels téléphoniques.

Les auteurs mettent en garde sur le fait que la méthodologie retenue ne permet pas d’extrapoler les résultats à l’ensemble de la France. Il s’agit avant tout d’une première description des effets de la FCO à un temps T. A la lecture de ces résultats, il ressort que les élevages touchés par la FCO ont été affectés de manière très variable.

Des troupeaux plus ou moins touchés

L’enquête montre que certains cheptels touchés par la FCO n’ont eu que très peu d’animaux malades alors que dans certains cas, la plupart des animaux ont été affectés. La variabilité est donc très forte selon les troupeaux. Les auteurs de l’enquête utilisent néanmoins les médianes pour faire ressortir des différences entre les deux sérotypes de FCO et entre les élevages d’ovins et de bovins.

Il ressort que la morbidité médiane (nombre d’animaux malades dans un troupeau) chez les bovins est de 6 % pour la FCO-3 et de 3 % pour la FCO-8. Chez les ovins, ces chiffres sont respectivement de 8 % et 4 %. La FCO infecte donc légèrement plus les ovins que les bovins et la FCO-3 contamine plus d’animaux que la FCO-8. Dans la plupart de cas, seule une faible proportion des animaux sont malades. Le tableau suivant montre que les animaux adultes sont plus touchés que les jeunes.

L’enquête s’intéresse aussi au taux de mortalité et au nombre d’avortements.

Mortalité faible mais des avortements

Concernant la mortalité, l’enquête fait ressortir que celle-ci est faible même si là-aussi, il y a de fortes différences entre élevages. Chez les bovins, entre un quart (FCO-8) et un tiers (FCO-3) des élevages ont perdu au moins une vache. La mortalité est limitée à l’échelle collective mais certains élevages déplorent plusieurs décès.

Concernant les avortements, l’étude insiste sur le fait que les différents impacts sur la reproduction ne peuvent pas être mesurés avec cette enquête. Elle se contente de dénombrer le nombre d’avortements constatés dans les élevages touchés par la FCO. Les avortements précoces ne sont pas comptabilisés, à l’inverse certains des avortements comptabilisés ne sont peut-être pas causés par la FCO. Il en ressort qu’au moins 44 % (FCO-3) et 20 % (FCO-8) des élevages bovins ont observé des avortements. Ces chiffres sont plus faibles chez les ovins puisqu’ils sont respectivement de 7 % et 15 %. Mais là encore, la variabilité est forte.

Cette enquête fait donc ressortir que si la FCO n’est pas aussi dangereuse pour les herbivores que la grippe aviaire ne peut l’être pour les volailles, elle peut néanmoins toucher durement certains élevages. Ses effets systémiques semblent plus porter sur la reproduction des animaux mais il est encore trop tôt pour bien en appréhender l’ampleur. On peut cependant déjà noter que la collecte laitière des régions touchées par la FCO-3 est en repli, sans doute à cause de cette maladie. L’Institut de l’élevage note : « Dans la région Grand Est, par exemple, la collecte avait dépassé les niveaux des trois dernières années avant de chuter brutalement à partir de fin septembre, en raison de l’épidémie. Ces perturbations laissent présager un recul de la collecte laitière dans les régions concernées au cours du premier semestre 2025. »