Viandes, poissons ou protéines végétales ? Le portefeuille n’explique pas tout

Bien que le prix des produits aquatiques soit similaire à celui de la viande, les Français achètent majoritairement des produits carnés. Une étude de FranceAgriMer montre que le prix n’explique que partiellement les choix des consommateurs. Les protéines végétales, qui peuvent être bon marché, sont ainsi encore très marginales. Habitudes alimentaires, temps de préparation, goût sont autant de raisons qui expliquent la prédominance de la viande comme source de protéines.

FranceAgriMer vient de publier une étude comparant les prix des viandes, poissons et protéines végétales (rapport téléchargeable ici). Elle s’attelle à déterminer si la différence de prix entre les familles de produits oriente le choix des consommateurs. Ce travail est mené dans un contexte où une partie de la société milite pour une réduction de la consommation de viande. Celle-ci est en effet considérée comme génératrice de gaz à effet de serre et comme occasionnant des pressions sur l’environnement. Or la viande est encore de loin la première source de protéines chez les Français.

La viande demeure en pôle position

Les Français consacrent 23 % de leur budget alimentaire à la viande, ce qui en fait le premier poste. Les produits aquatiques arrivent loin derrière à 8 %. En volume, le graphique ci-dessous montre que la part des protéines végétales dans les achats des Français reste marginale.

Est-ce que seul le prix explique cette prédominance des viandes ? Le rapport cite des enquêtes réalisées auprès de consommateurs qui font ressortir que ces derniers perçoivent le poisson comme étant plus cher que la viande. Ils se déclarent cependant aussi intéressés par les alternatives végétales, notamment brutes ou peu transformées. Ce qui pour le coup entre en contradiction avec leurs achats réels. La comparaison des prix effectués par les auteurs du rapport montre que la perception des consommateurs n’est pas toujours conforme à la réalité.

Le poisson pas si cher

En examinant une sélection d’aliments, on constate que les produits aquatiques ne sont pas forcément plus chers que les viandes.

Les prix des produits aquatiques sont plus variables que ceux des produits carnés à deux niveaux. L’écart entre le produit le plus cher et le moins cher est plus important pour les produits aquatiques : le saumon fumé dépasse ainsi les 35 €/kg en moyenne contre 26 €/kg pour le tournedos de bœuf. De plus, les écarts de prix par produit sont plus importants pour les produits aquatiques. Cette volatilité et cette variabilité expliquent peut-être que les consommateurs perçoivent que le poisson est plus cher que la viande. Ce qui ferait qu’ils en achèteraient moins.

Des protéines végétales pas si bon marché

Le rapport s’intéresse aussi au prix des différents produits végétaux bruts. Les aliments n’ayant pas la même composition protéique, il va plus loin en présentant un graphique des prix moyens des produits pour 20 grammes de protéines.

Il en ressort que les protéines carnées sont compétitives par rapport à celles des produits aquatiques. Pour les protéines végétales, il y a un gros écart entre la galette de soja et les légumineuses brutes. La première est plus chère que la plupart des autres protéines alors que la seconde se place parmi les moins chères. Par ailleurs, les consommateurs se déclarent moins attirés par les substituts végétaux type galette de soja que par les légumes secs, les jugeant trop transformés. On peut aussi remarquer dans ce classement que la protéine d’œuf n’est pas la moins chère : celle d’une côte de porc est encore meilleur marché.

La conclusion de ce travail est que si le prix compte dans le choix des Français, il n’explique pas tout. Les habitudes alimentaires, le temps de préparation, le savoir-faire culinaire et le goût sont autant d’éléments qui font que la viande reste encore la source de protéines la plus plébiscitée. On peut ajouter qu’au-delà du quantitatif, les qualités des protéines animales et végétales diffèrent. Autant les protéines végétales sont riches en antioxydants et en fibres, autant les protéines animales contiennent du fer et des acides aminés que les aliments à base de plantes possèdent en moins grande quantité.

Les consommateurs ne changent donc pas leurs habitudes sur des critères purement économiques. Les évolutions sont en général très graduelles et progressives. La viande devrait donc rester la principale source de protéines pour un moment.