Produits frais traditionnels : face à la baisse de consommation, les distributeurs se mobilisent
En 2022, les produits frais traditionnels (produits de poissonnerie, boucherie, fromages à la coupe, fruits et légumes…) ont connu un plus fort ralentissement des ventes en volumes dans les hypers et supermarchés. Alors que la crise du Covid et les difficultés de recrutement avaient déjà durement touché cette catégorie de produits alimentaires, elle est aujourd’hui la plus impactée par l’inflation, qui s’est établie à plus de 12 % sur les produits alimentaires en fin d’année.
C’est pourtant la clé de voûte d’une enseigne : bien qu’ils soient gourmands en main d’œuvre qualifiée (devenue rare), qu’ils génèrent des marges assez faibles par rapport aux autres rayons, les fameux PFT (produits frais traditionnels) étaient jusqu’à présent très plébiscités par les clients et constituaient un point clé dans l’attractivité des magasins, constituant une vitrine pour les produits agricoles.
Mais depuis 2022, on constate un vrai recul des ventes en volumes sur ces produits : -5,6 % par rapport à 2021 d’après Kantar Wordpanel. Un chiffre qui parait d’autant plus inquiétant quand on le compare à la baisse globale d’achat en volume des produits de grande consommation (épicerie, entretien, hygiène) et frais libre-service (crèmerie, charcuterie…) : -0,9 % seulement. Les consommateurs boudent donc davantage les PFT que les autres produits, et particulièrement les protéines animales (poissons, viandes) : -13,7% de recul des achats sur la poissonnerie et -7% en moyenne sur la viande en cumul à date en décembre 2022, par rapport l’année précédente (Kantar Worldpanel 2023).
Une baisse des achats en volume aux origines multiples
Tout d’abord, les prix des PFT ont augmenté plus vite que ceux des produits transformés. Cela est la conséquence des crises énergétiques, climatiques et des conséquences de la guerre en Ukraine, provoquant des tensions et des hausses sur les intrants agricoles. Directement concernés par ces hausses des coûts, les produits bruts comme les PFT ont dû répercuter une partie de leurs charges sur le prix final.
Les conséquences d’EGALIM 2 ensuite : alors que les prix alimentaires étaient davantage en déflation ces dernières années, une revalorisation estimée à 3 % en moyenne sur l’alimentaire s’est concrétisée sur 2022, à juste titre, suite aux dernières négociations commerciales.
Et enfin, l’évolution de l’attitude du consommateur face à l’inflation : pour consommer moins dans l’optique de dépenser moins, des arbitrages sont nécessaires. Considérés comme moins « essentiels » et parfois plus coûteux (viandes, poissons…) que les autres produits, les PFT sont délaissés, surtout dans une France qui cuisine de moins en moins.
Les enseignes veulent booster les PFT
Face à ces constats, les enseignes s’adaptent. Interrogées par le magazine Linéaire (décembre 2022), certaines ont livré leurs stratégies. Petits prix, promotions, créations d’espaces « anti-inflation » au sein des rayons PFT… L’objectif est de montrer que les produits de boucherie, de poissonnerie ou les fruits et légumes frais ne sont pas forcément plus chers et peuvent aussi entrer dans un panier à budget restreint.
Miser sur le « pratique » peut aussi s’appliquer aux PFT : chez Système U, Intermarché ou Cora, la tendance serait d’aller vers davantage de produits traiteurs. Ainsi préparés et sublimés, les produits frais traditionnels permettent de toucher une catégorie de consommateurs différente, peu encline à cuisiner et prête à payer un peu plus cher pour du fait maison.
Des mesures qui, espérons le, produiront les effets souhaités : les filières agricoles bretonnes sont en effet particulièrement concernées par ce marché.