Pas de retour à la case départ pour les coûts de production

La fin de la crise Covid et le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine ont poussé les coûts de production des agriculteurs vers des sommets. Les prix se sont tassés depuis. L’énergie risque cependant de demeurer onéreuse et les prix de l’aliment pourraient de nouveau croître.

Les coûts de production agricoles poursuivent leur lente décrue. L’indice IPAMPA, calculé par l’Insee et mesurant les variations des prix des biens et services achetés par les agriculteurs, en témoigne. Il avait fortement progressé en 2021 et 2022 avant de refluer ces deux dernières années.

Au plus fort de la poussée inflationniste, l’IPAMPA avait atteint 140 en octobre 2022. Autrement dit, les charges des agriculteurs français avaient augmenté de 40 % par rapport à 2020. L’IPAMPA s’établit à 124 en novembre 2024 soit 11,4 % au-dessous de son sommet. Les coûts de production des agriculteurs se stabilisent donc, mais à des niveaux bien supérieurs à ceux d’avant le Covid. Parmi les postes de dépenses qui permettent de comprendre ces évolutions, ceux qui pèsent le plus pour l’élevage sont les prix des aliments achetés et ceux de l’énergie.

Un prix de l’aliment toujours élevé

Les courbes des cotations des céréales et oléoprotéagineux ressemblent beaucoup à celles de l’Ipampa présentées plus haut. En voici un exemple avec le prix du blé payé au producteur.

Après avoir atteint des records en 2023, les cours se sont assagis tout en demeurant bien au-dessus de 2020. Les prix de l’aliment Ifip porc charcutier reflètent la situation du marché des céréales.

Son plus haut fut atteint en 2022 à 395 €/tonne, il est aujourd’hui à 324 €/tonne soit une baisse de 71 €/tonne. Là aussi, c’est un niveau intermédiaire entre son record et la moyenne de 248 €/tonne de 2020. Pour rappel, une variation de 10 €/tonne du prix de l’aliment engendre une variation sur le coût de production de 3,6 centimes par kg de carcasse de porc. La note de conjoncture de la Chambre d’agriculture de France, téléchargeable ici, indique que les stocks mondiaux de céréales sont en diminution. Au-delà de toutes les incertitudes inhérentes au marché des céréales, la tendance est donc plutôt à des prix fermes pour ces prochains mois.

Des prix de l’énergie durablement élevés ?

Une des conséquences durables de la guerre entre l’Ukraine et la Russie est la hausse des prix de l’énergie. Après une bulle en 2022, les cotations du gaz se sont dégonflées mais restent bien au-dessus des niveaux de 2021. En se coupant d’une source d’approvisionnement d’énergie bon marché en provenance de Russie, l’Union européenne risque de connaître des prix structurellement élevés à l’avenir. L’évolution du prix de l’électricité aux ménages en témoigne.

Là encore, l’évolution du marché est imprévisible mais le plus probable est que ce poste de dépenses sur les exploitations ne diminue pas à moyen terme.

Après avoir battu tous les records en 2022, les coûts de production des exploitations agricoles françaises se sont dégonflés ces deux dernières années. Ils restent cependant bien supérieurs à ceux d’avant l’épisode inflationniste et menacent de remonter ces prochains mois.