Le bio n’a pas dit son dernier mot

Après une période de déclin, le marché du bio en France montre des signes de reprise. Ce rétablissement se manifeste particulièrement dans les magasins spécialisés, qui retrouvent une clientèle fidèle. Cependant, des défis subsistent pour maintenir cette dynamique positive.

Enfin la reprise !

Depuis 2020, dernière année de croissance des produits bio, les distributeurs généralistes comme spécialistes ont assisté à une inexorable chute de leurs volumes et de leurs chiffres d’affaires sur cette gamme. Un effet largement accentué par le déréférencement en GMS, lequel a atteint 25 % entre 2021 et 2024 d’après le cabinet d’étude Xerfi. Les spécialistes ont été également à la peine face à une inflation alimentaire qui a atteint les 22 % en trois ans avant de commencer à diminuer légèrement. Ceux-ci ont dû fermer 13 % de leur parc de magasins pendant cette période et ont été forcés de se réinventer.

Les spécialistes, locomotive du rebond de la consommation

Et c’est à ces derniers que le marché du bio doit ce qui ressemblerait bien à un rebond de la consommation. Biocoop affichait fin 2024 une progression de son chiffre d’affaires de 8 % par rapport à 2023, grâce à une politique marketing et accessibilité prix plus agressive, doublé de démarches de différentiation vis-à-vis de leurs concurrents (voir notre article à ce sujet) . Une progression équivalente a été observée dans les autres enseignes spécialisées : au global l’augmentation des chiffres d’affaires oscille entre 5 et 8 % en fonction des enseignes. Autre bonne nouvelle, cette hausse est présente également en vente directe, avec une croissance du chiffre d’affaires avoisinant 5 % d’après Jean Verdier, président de l’Agence Bio.

Relativisons toutefois ce succès du côté des spécialistes : les grandes surfaces généralistes représentaient toujours, en 2024, 50 % des lieux d’achats.

En Bretagne justement, les consommateurs demeurent fidèles aux GMS pour leurs achats de bio malgré un léger repli : c’est dans notre région que les grandes enseignes ont réalisé la part la plus importante de leur chiffre d’affaires sur cette gamme par rapport au global en 2024, soit 5,2 % d’après Circana. Les spécialistes du bio y ont tout de même vu leur chiffre d’affaires augmenter de 0,9 % par rapport à 2023.

Vers une reprise durable de la consommation du bio ?

Après trois années de purge, les grandes enseignes réintégreront-elles les produits bio ? Pas nécessairement d’après l’étude publiée par Xerfi, intitulée “le marché du bio – Les stratégies pour dynamiser la croissance et les leviers de compétitivité pour les enseignes bio”. Le pouvoir d’achat des Français n’est pas près de retrouver son niveau d’avant l’inflation et entre temps la GMS a réorienté son offre sur les premiers prix et MDD, plus « sûrs » pour elle. Sans compter l’attrait pour les labels qui tend à stagner, si ce n’est à diminuer. En revanche, certaines enseignes pourraient décider d’augmenter l’offre MDD bio ou d’acquérir des enseignes spécialisées, comme l’ont déjà fait Carrefour avec Bio c’Bon et So.bio ou Monoprix avec Naturalia.

Les spécialistes ont donc tout à gagner de cette situation pour ravir des parts de marchés sur les ventes de bio. Si tant est qu’ils parviennent à maintenir la dynamique de l’accessibilité prix en proposant, pourquoi pas, comme les grandes surfaces, un plus large éventail de MDD. Car un nouveau venu vient challenger les acteurs historiques : le e-commerce. Jusque-là moins développé en bio que sur le circuit conventionnel, il a su séduire de nouveaux consommateurs grâce à des offres alléchantes. La Fourche en est un bon exemple.

Des évolutions et des innovations qui montrent dans tous les cas que le bio n’a pas dit son dernier mot.