Onze démarches de segmentation en porc décryptées
L’étude « Démarches de segmentation dans la filière porc » montre la grande variété des démarches de segmentation existantes, en termes de nombre d’acteurs impliqués, d’ancienneté, de mode de fixation du prix et du contenu du cahier des charges.
Devant la multiplicité des démarches existantes dans la filière porc, le service Economie emploi des Chambres d’agriculture de Bretagne en a décrypté onze. Ces démarches de segmentation sont liées au mode d’élevage : élevage sans antibiotiques, agriculture biologique, cahier des charges privé… Chacune est présentée dans une fiche détaillée qui apporte des éléments de connaissance sur les acteurs impliqués, le contexte de leur mise en place, les volumes, le prix payé au producteur, le cahier des charges et les projets, avec des observations complémentaires. Les informations présentes dans les onze fiches recto-verso élaborées, sont issues d’un travail de veille et pour la majeure partie d’entretiens avec les acteurs de ces différentes initiatives.
Une grande variété des démarches
Les plus connues sont élaborées à partir de cahiers des charges officiels et relèvent des signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO). Plusieurs peuvent se prévaloir d’une certaine antériorité (c’est le cas du porc Label Rouge fermier des Fermiers d’Argoat). D’autres sont plus récentes, comme la filière bio Cooperl. La Certification de conformité, qui atteste qu’un produit possède des qualités spécifiques, est aussi bien représentée en Bretagne par l’intermédiaire du Cochon de Bretagne, mis en place en 2000. D’autres initiatives ne s’appuient pas sur des SIQO et se situent entre le bio et le conventionnel, c’est le cas de l’élevage Ker Angel avec le groupe de distribution Agromousquetaires, des démarches Physior, mises en place par la coopérative Le Gouessant, et de Collectif niveau 2 du groupe de distribution E. Leclerc, en partenariat avec quatre groupements de producteurs bretons. Il est évoqué aussi la démarche Agriculture Alternative de la coopérative Cooperl, également fabricant d’aliments pour animaux, qui s’est intéressée aux céréales utilisées dans les aliments pour porcs.
Enfin, deux initiatives sont développées sur des marques de coopératives. L’une, Terres de Breizh, mise en place par la coopérative Le Gouessant, est à dimension régionale. Elle met en avant une organisation de filière territorialisée, avec des maillons tous impliqués dans la région. L’autre, La Nouvelle Agriculture à l’initiative de la coopérative, Terrena, est plutôt présente en Pays de la Loire. Elle est un prolongement de l’Agriculture Ecologiquement Intensive.
Selon l’ancienneté
En considérant leur date de mise en place, on peut classer les initiatives dans trois groupes : certaines mises en place avant 2010 (principalement celles sous SIQO), la majeure partie depuis 2019 et, entre ces deux périodes, les deux marques Terres de Breizh et La Nouvelle Agriculture. Pour une grande partie de ces initiatives, des contrats ont été mis en place, avec des durées variables (de trois à dix ans) définissant un prix basé ou non sur le prix défini au Marché du Porc Breton. A ce prix s’ajoute une plus-value, souvent indexée sur le prix de l’aliment. Cette indexation est en général le résultat de démarches relativement récentes. La forte volatilité de prix des matières premières observée ces dernières années a sans doute contribué à cette prise en compte.
Les maillons impliqués
Les initiatives analysées ici diffèrent aussi par le nombre et la variété des acteurs impliqués. Elles peuvent se résumer à deux maillons (un élevage et le pôle transformation d’un distributeur), ou impliquer jusqu’à tous les maillons de la chaîne, de l’éleveur jusqu’au distributeur. La plupart des groupes de distribution y sont impliqués : le groupe Leclerc dans Collectif niveau 2 et Cochon de Bretagne, le groupe Lidl dans le Label Rouge Opale, le groupe U dans La Nouvelle Agriculture, et enfin Intermarché en partenariat avec la Ferme de Ker Angel. Le nombre d’éleveurs impliqués est aussi très variable, d’un seul élevage pour le partenariat entre l’élevage Ker Angel et Agromousquetaires jusqu’à près de 400 élevages pour la CCP Cochon de Bretagne.
Perspectives d’évolution des volumes
Enfin, concernant les perspectives d’évolution, certaines initiatives envisagent une croissance des volumes mais seulement en parallèle de l’évolution du marché. C’est le cas de Collectif niveau 2, d’Agriculture Alternative ou encore du Label Rouge Opale. Les perspectives vont plutôt dans le sens d’une évolution de la gamme. Souvent, l’objectif est d’optimiser l’équilibre matière afin d’améliorer la valorisation, et sans doute, de permettre un retour financier plus important vers le producteur. C’est le cas de Terres de Breizh et de La Nouvelle Agriculture qui pourraient élargir l’offre sur les produits de charcuteries. En Label Rouge fermier et en bio, compte tenu de la situation actuelle du marché, il n’y a pas pour l’instant de développement envisagé. D’une manière générale, une certaine prudence se fait sentir quant au développement des volumes. L’objectif est plutôt de conforter ce qui existe.
- Un tableau de synthèse et onze fiches sont disponibles sur chambres-agriculture-bretagne.fr. Les Chambres d’agriculture de Bretagne ont élaboré onze fiches descriptives dans lesquelles sont présentés des éléments de connaissance sur les acteurs impliqués, le contexte de leur mise en place, les volumes, le prix payé au producteur, le cahier des charges, les projets et des observations complémentaires.
- Liste des fiches décryptées dans cette étude :
- Porc Bio 100 % français
- Porc Fermier Label Rouge
- Label Rouge Opale
- Cochon de Bretagne
- Agriculture Alternative
- Porc Confiance
- Physior
- Ferme de Ker Angel
- Collectif Niveau 2
- Terres de Breizh
- Porc La Nouvelle Agriculture